Avec Rocky, on tient là un des deux personnages fétiches de Stallone. De ceux qui ont forgé sa gloire durant les années 80. Dans mes souvenirs, Rambo était avant tout un film psychologique. Comme quoi, la mémoire se déforme avec le temps car il comporte bon nombre de scènes d'action dans un commissariat de police, une forêt ou carrément la ville entière que Rambo pourrait réduire à l'état de cendre s'il le voulait.
On pourrait trouver ce qui lui arrive injuste. Il veut juste manger et voilà que dans un bled paumé des policiers tatillons plutôt habitués à s'occuper de braconniers viennent lui renifler les mollets. A lui. Héros de la nation au vu de ses états de service au Vietnam. On a peut-être là une certaine vision de Stallone, scénariste par ailleurs, sur l'Amérique profonde peu reconnaissante et à la mémoire courte.
Là-dessus, Trautman se pointe et insiste sur la mentalité guerrière de Stallone. Sa facilité à se procurer des armes et à faire mouche avec. A s'approprier la moindre parcelle de terrain. A la retourner à son avantage en faisant fi des intempéries, du manque de nourriture, de la végétation, du terrain accidenté. Se pose alors la question de l'état mental de ces soldats détruits par la guerre. Il y a ceux qui sont partis. Mais il y a aussi ceux qui restent. Et qui sont abandonnés à leur triste sort. Sans aide psychologique. Sans travail. Le monologue final de Rambo est à ce titre déchirant. A ceux qui peuvent en douter, Stallone est un grand acteur. Pas besoin d'avoir vu Copland en 1997 pour s'en convaincre. Il en faisait la preuve bien plus tôt.