Pas mal de différences avec le premier épisode que j'aimais bien. Celui-là part d'une toute autre philosophie. Les créateurs le disent eux même dans les bonus. Autant Kotcheff avait fait un film personnel, autant Cosmatos fait un film tripier. Je schématise bien entendu. Mais l'idée est là. Cosmatos est un industriel, qui cherche le succès et la satisfaction des plaisirs du public comme un chien cherche à renifler le cul d'une chienne.

Et effectivement, on a droit à un film qui laisse tomber le pathos et la souffrance du personnage pour une orgie sanguinolente, un massacre non à la tronçonneuse mais à la mitraillette, à l'arc et à l'hélico.
Le John Rambo du 1er film était déjà pas très crédible, mais celui-là ne l'est plus du tout. Il s'agit plus d'un super héros que d'un homme. Crédibilité zéro, débilité un. Balle au centre, on continue le match.

Le film devient encore plus politique mais de manière si maladroite, si simpliste, si grossière. Là encore ce qui passait dans le premier, devient indigeste dans le second. La rengaine Reaganienne, démagogique et propagandiste, le déni de la défaite qui ne passe pas, le tout purulent est paroxystique dans la scène finale à la Capra (je rigole!) où Stallone s'épanche maladroitement après son carnage. Mal jouée, cette scène est assez pitoyable. A la limite, elle passe mieux avec la voix française. Stallone joue là comme un pou.

Les personnages sont grand-guignolesques. Et les idées ramassées chez les républicains qui ont vraiment du mal au cul avec le Vietnam structurent ce film de manière grossière et mal troussée. En gros, ce sont les bureaucrates (enlevez bureau et mettez démo à la place) qui ont fait perdre la guerre aux républicains, guerre justifiée bien entendu, à la rigueur la question ne se pose pas. Vive l'Amérique!

Le succès phénoménal de ce film n'est pas seulement dû à la rencontre formidable entre une époque politique, un thème, un héros et un langage cathartique pour accepter la défaite du vietnam. On est plutôt ici en l'occurrence dans le déni que dans l'acceptation, mais passons.
D'autres ont surfé sur cette vague, cherchant en vain ou mollement (comme Chuck Norris) le même succès.

Alors, les flammes du succès interplanétaire sont à trouver ailleurs. Dans la réalisation musclée, inventive, parfois jolie (je pense aux plans pris au travers des trous de balle ... pfff... dans le parebrise de l'hélico), la musique indéniablement originale, dans le jeu de Napier qui joue à merveille le salop hypocrite, dans le jeu de Berkoff qui fait un parfait salop communiste (of course).

Le scénario est bien monté, testostéroné, membré et plein de sueur et de sang. Le montage serré, laisse peu de temps pour reprendre son souffle.

Rambo dézingue à tout va, et le public en prend plein les mirettes en plus de voir enfin un américain vaincre au vietnam. Tous les ingrédients sont là pour faire jouir le spectateur. Et Rambo itou par la même occasion : y a qu'à l'entendre éjaculer quand il détruit le camp dans son hélico. Yeahhhhhhhhhhhhhh!!!!!!

Un film physique, viscéral, qui fouille les intestins et la verge du spectateur et n'attend rien d'autre que le tintement sonnant et trébuchant des dollars à l'entrée du cinéma.

Un film qui pèse lourd dans l'histoire du cinéma. Pas par la qualité mais par la quantité de dollars amassés, mais surtout par la portée de son message politique (aussi rétrograde et démagogique qu'il soit, il ne peut être nié).
Alligator
5
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le 25 déc. 2012

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Alligator

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