Et ben c'est pas mal. J'y croyais pas du tout : la bande annonce ne laissait présager rien de bon avec cette surabondance de références et puis j'avais pu lire diverses critiques où l'on reprochait un manque de scénario.
Et bien le côté ultra référencé passe assez bien. Je n'ai clairement pas reconnu toutes les références, ce n'est donc pas la raison pour laquelle j'ai apprécié le film ; ce qui m'a plu, c'est qu'une histoire est racontée et que les avatars et autres clins d’œil à la pop culture ne sont qu'un enrobage gratuit qui ne change rien à ce qui est raconté (c'est juste que ça prend un peu de place qui aurait été utile pour creuser les situations et les personnages). Quant à l'histoire, même s'il ne s'agit que d'une simple quête digne d'un jeu vidéo ou d'un film d'aventure, elle est vite mise en place, avec des conflits, des résolutions (souvent faciles hélas), un héros (sous exploité, d'ailleurs on n'en retiendra pas grand chose), des adjuvants (sympas), des opposants (dommage que ce ne soit pas plus jusqu'au-boutiste à la fin et que le méchant ne soit pas plus cruel durant tout le film, mais ça reste un méchant sympathique et touchant vu ses problèmes d'érection), ce qu'il faut d'action, de suspense, etc. C'est pas génialement élaboré, mais c'est propice à du bon spectacle.
Je craignais un monde virtuel trop envahissant. C'est clairement le but de l'intrigue mais j'ai été soulagé de voir que la narration se poursuivait en dehors du jeu. Le monde virtuel n'est pas toujours super bien fait, ça se justifie par le fait que c'est un jeu vidéo. Spielberg offre quelques très jolies idées visuelles ; le plus impressionnant, c'est qu'il parvient à imaginer des plans séquences très complexes sans perdre aucunement de la lisibilité de ses scènes ; on dirait, par moment, que son adaptation des aventures de Tintin n'était qu'un entraînement pour ce film tant tout y semble poussé puissance 10 !
Ce qui m'a le plus impressionné, c'est la mise en scène dans le monde réel. La lumière et les cadrages rappellent fortement les années 80, bien plus que toutes les références (parfois faussement eighties comme les tortues ninja qui ont le look des films de M. Bay là où il aurait été plus logique qu'elles aient le look des premiers films). Il y a aussi ce côté inventif et bricoleur digne des films de cette décennie (même quand c'est numérique).
Mais si le film rappelle constamment cette époque perdue, ça reste un film d'aujourd'hui, de par le vocabulaire employé et les thématiques abordées (même si le conseil sur la modération à la fin est très léger et sera vite oublié). Les acteurs parviennent aussi à exister dans ce monde, même si la palette émotionnelle se voit grandement limitée dès que les personnages enfilent leur avatar. La musique est assez efficace et rappelle aussi la manière de faire de l'époque.
Bref, contre toute attente, j'ai apprécié ce Spielberg que j'ai trouvé assez divertissant.