Requiem pour une Claque !

[Attention Spoilers]
En parcourant le Top de SensCritique je suis tombé sur Requiem pour un massacre. Je n’en avais jamais entendu parler et j’avoue que ma curiosité a été piquée par les louanges qu’il avait reçu. N’y connaissant rien au cinéma d’Europe de l’Est, je franchis le pas avec mon "coeur pur"!
Le film commence d’une manière graduelle, les deux gamins qui s’amusent dans les restes du matériel de guerre, comme si le pire était passé et que la reconstruction était en bonne voie. Déjà le ton est exact, les deux jeunes acteurs sont déjà bluffant face à la caméra et on regrettera fortement de perdre l’un d’entre eux de vue par la suite.
Ce pauvre adolescent passionné par la Guerre et impatient d’en découdre, abandonnant sa famille derrière lui par son désir de reconnaissance, se retrouve avec les partisans comme en colonie de vacances, célébration des petites victoires. Les scènes intimistes et les scènes de masse s’enchaînent.
On se laisse entrainer par un rythme lent à la manière de filmer très épurée. Pas de fioritures. Le rythme permet de mieux apprécier les tableaux dépeints par une photographie quasi parfaite, une justesse dans le ton qui rend tout dialogue inutile. Plans fixes, caméra à l’épaule, suivi de véhicules, une maitrise parfaite du mouvement considérant le tournage dans des chemins défoncés, la forêt ou les habitations.
On suit l’adolescent dans ce qui finit par être un voyage initiatique sur ses propres terres, trouvant son paroxisme dans deux scènes finales, lui se retrouvant face à face avec son Moi du début du film, lui avec des traits vieillissants face à un jeune garçon encore innocent, et son retour auprès des partisans, se fondant dans la masse de soldats de fortune dont les histoires sont sans doute aussi riches, le tout sur un requiem de Mozart.
Au final nul besoin de scènes d’action, l’image suffit, au point d’être choqué, se demandant si des atrocités n’ont pas été commises simplement pour pousser le réalisme du film.
Une réelle réflexion sur la haine, la folie humaine et les horreurs de la Guerre et ce qu’elle engendre, des images historiques en reverse et la morale de l’Histoire, c’est dans l’action que l’on empêche les atrocités.
On finit tremblant, frissonnant, totalement hébété de ce que l’on vient de voir, mais on en ressort changé !
Sans aucun doute le meilleur film de guerre que j’ai jamais vu …

Mentions spéciales : Oscar du meilleur second rôle pour la vache, le fusil qui en aura vu de toutes les couleurs, un figurant villageois nullement choqué face au spectacle de sa famille massacrée dans la grange, et un bébé Hitler presque mignon.