Un peu pris dans la hype positive propagée par le film, j’étais curieux de le découvrir. Un rape & vengeance movie, entendez par là une femme fragile, en apparence, violée et laissée pour morte qui va prendre sa revanche de manière sanguinolente sur ses tortionnaires. Alors imaginez quand le genre est revu de manière originale par une directrice innovatrice ? Ca avait l'air prometteur.
Et c’est là que le bât blesse pour moi… On nous a vendu cette vision nouvelle, hyper féministe du film. Et honnêtement, je ne l’ai pas vraiment aperçue en le matant tranquillement installé dans mon siège de cinéma. Pour moi, le film aurait été filmé par un homme que je n’aurais pas noté la moindre différence. Pourquoi ? Premièrement Matilda Lutz (l’actrice principale) est ultra sexy, magnifique et se comporte de manière très libérée… Et cela commence par la meuf se mettant directement à genoux pour sucer son mec dont elle sait que c’est un gros porc qui est marié. Gros plan sur son cul permanent pendant tout le début du film… En gros, dès le début elle est ultra sexualisée sans qu’on ne mette en avant le moindre trait de caractère ou de sa personnalité.
Am I not your type ?
Et ne m'interprétez pas mal, ce n’est pas une justification à quoi que ce soit qu’elle soit ultra libérée. Non signifie non. Mais c’est le principe de tous les films du genre ‘rape & vengeance’ qui sont par défaut tous porteur du même message : la femme brise sa soumission face au rapport de force homme/femme. Quand on me dit que le film en offre une vision ultra féministe de par sa réalisatrice fortement engagée, honnêtement, j’en attendais une vision originale. Je pense que les gens criant au génie en sortant de ce film n’ont pas vu beaucoup de films du genre...
La réalisatrice n’est pas aidée par ses trois personnages masculins qui ne sont ni extrêmement charismatiques, ni des images de puissance. Entre le Jaime Lannister rouquin aux accents allemands, le Cyril Hanouna du pauvre (c’est dire) et Obélix ayant mal tourné (et oublié de tomber dans la marmite étant petit) ; on a un beau petit casting de pecnos en perspective. Ce qui contraste un peu avec le talent certain de l’actrice principale…
Mais néanmoins la réalisatrice nous offre une expérience cinématographique de belle qualité via des plans de très bonne facture et une esthétique très agréable. Son utilisation des symboles est intéressante bien que ceux-ci sont fortement forcés. La pomme croquée représentant la tentation sur laquelle s’attarde de nombreuses fois la caméra ; l’arbre qu’elle met en feu pour se dégager représentant l’existence éternelle & le plus beau doit être la canette de bière sur laquelle le phénix symbolisant la toute puissante renaissance finira par trôner fièrement sur le ventre de notre héroïne.
Qui paie encore pour se faire tatouer?
Le hic, c’est que la caricature des opposants et l’exagération gore empêche de rentrer réellement dans l’histoire repoussant toujours un peu son spectateur de l’intrigue et l’obligeant à suivre l’aventure de loin plutôt que d’y prendre part. Alors le gore à la Tarantino offrant des effusions de sang, qui pour exister obligerait le corps humain a contenir une bonne centaine de litres de sang, ne me dérange pas particulièrement mais cela implique une perte claire de crédibilité au récit. Du coup pour continuer de tenir en haleine le spectateur, il faut offrir une dimension fun, tordue, alternative ou simplement what the fuck à son récit. Mais ce n’est pas le cas ici… La forme reste simple, classique et le spectateur n’étant plus surpris et sachant dès le départ où le récit finirait n’a plus qu’à regarder passivement le déroulement attendant une délivrance qui aurait pu arriver un rien plus rapidement…
La scène d’extraction du pied du couillon numéro deux n’était pas utile. De un, il n’y a plus de véritable verre se brisant comme une fenêtre des années 60’s sur les lampes de torche moderne. Et surtout, qui va se déchausser pour aller se faire un garrot avec sa chaussette ??? Non mais sérieusement les gars, qui ???? Qu’on l’ennuquelle comme dirait l’autre ! Et le tournée manège de la confrontation finale s’éternise un peu beaucoup pour rien…
Bref, j’attendais de ce rape & vengeance une vision plus féministe, plus originale, sans doute moins manichéenne que ce que le genre offre habituellement. Mais au final, c’est une vision classique qui en ressort. Certes techniquement très bien réalisé mais avec un côté Tarantino fortement présent sans le fun jouissif qui va avec. Un bel essai visuellement abouti dans le cinéma français ayant du mal à sortir de ses sempiternelles drames ou comédies mais qui pêche par excès de bien faire à mon sens… Une belle forme, un fond un peu moins rempli quoi telle la vision de l'héroïne dépeinte au début du film (la boucle est bouclée?) !