Drôle (triste ?) de coïncidence que la sortie de ce premier film en pleine tourmente Weinstein/metoo/balancetonporc. Si la genèse de Revenge remonte à bien avant cette actualité, il semble pourtant avoir été créé en réaction, comme un cri de rage exécuté dans l'urgence. Un film rape & revenge 100% girl power, sans nuance et sans finesse, exprimant avec brutalité un ras le bol général. Une brutalité et un jusqu'au boutisme qui n'empêchent pas une certaine classe, en témoigne cette mise en scène léchée de bout en bout, revendiquant clairement son affiliation au film de genre, voire à la grosse série B qui tache.


Car si Coralie Fargeat démontre l'étendue de son talent (et il est grand) de réalisatrice et de monteuse tout au long de ces 110min, elle tombe malheureusement dans les écueils typiques du premier film qui veut trop en faire et tout (dé)montrer. Une fougue palpable qui trahit un manque de retenue et de maturité, à l'image de ces plans filtrés bien gratuits ou encore du symbolisme lourd de certaines séquences, à commencer par l'interminable scène d'opération à vif ultra gore, blindée d'allusions sexuelles et natales. Un style que reste toutefois totalement en accord avec le propos radical de l'auteure. Ne cherchez pas la nuance ici. Dans Revenge, tous les hommes sans exception sont des porcs, des violeurs, des meurtriers, même le beau blond aux allures de gendre idéal. La manipulation pour créer l'empathie envers l'héroïne est alors trop visible, et la réalisatrice ne parvient pas à nous impliquer autant qu'elle le voudrait.


Toujours est-il qu'elle parvient avec brio à nous présenter une proposition de cinéma aussi solide que jouissive. Sans atteindre la maîtrise formelle d'un Tarantino dans les Kill Bill ou le dernier acte de Death Proof, l'entreprise revancharde sur la gent masculine est constamment magnifiée par la mise en scène et le découpage, jusqu'à un climax brillant et ultra sanglant dans une villa, façon boss de fin de jeu vidéo, qui reste dans les mémoires.


Un film parsemé de défauts, certes, mais plein d'envie et de sincérité. Le genre de proposition qui fait du bien au cinéma français.

nicolaslopez1
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le 1 mars 2018

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