A eux deux, Guillaume Canet et Marion Cotillard cumulent près d'une quarantaine de récompenses, dont trois César et un Oscar. Ils se traînent également quelques casseroles cinématographiques ainsi que l'image du couple hype agaçant, parfait à la ville et rarement mauvais à l'écran, qui collectionne avec une certaine arrogance succès populaires et jolies associations auteuristes.
Les voir jouer avec les multiples facettes de leur réussite privée et artistique et désamorcer par le ridicule l'idée que l'on se fait d'eux est donc un spectacle globalement très réjouissant.


D'abord parce que le ton est enlevé, très drôle, et que cette autofiction en forme de crise de la quarantaine hystérique et joyeusement absurde fonctionne comme un bulldozer enthousiasmant qui casse tous les clichés, remplace le strass des magazines et des tapis rouges par un humour anti glamour au possible, et multiplie les références et clins d''œil comme autant de mises en abîme truculentes.


Ensuite parce que Canet n'a pas hésité à charger la mule et qu'il a pu compter sur la complicité de sa femme pour aller au bout de son délire. Entourés de leurs copains acteurs et producteurs, ils jouent à fond la carte de l'autodérision, cassant leur image parfaite pour se mettre en scène dans les pires situations, jusqu'à un final dans lequel ils se ridiculisent au-delà de ce que l'on pouvait espérer. Et, comme toujours, Cotillard tient ici encore la dragée haute à son mari : s'il est très drôle en acteur qui pète un câble monumental et courre derrière ses jeunes années, elle est carrément à tomber dès qu'elle prend l'accent québécois ou se lance dans une imitation improbable de Céline Dion.


Enfin parce que Camille Rowe sort des spots publicitaires dans lesquels elle donnerait envie à un pouilleux d'acheter du parfum de luxe pour camper un second rôle croustillant à la hauteur de sa beauté magnétique. Et ça, ça n'est pas négligeable.

AlexandreAgnes
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le 21 févr. 2017

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Alex

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