Jacques Doillon fait le choix judicieux de jouer Rodin en mineur pour consacrer un génie majeur tiraillé par ses désirs, ses passions, obsédé par son art : le film s'avère charnel, tourmenté également comme une valse de corps nus pour un temps enlacés que la sculpture immortalisera. De l'ombre de l'atelier où les artistes et leurs œuvres scintillent par de magnifiques jeux de lumière aux échappées loin de Paris se meut une âme au Purgatoire, revivant sans cesse cette porte sculptée, ce passage d'un tribunal céleste aux Enfers de la chair. Vincent Lindon habite Rodin, fascine et envoûte sans jamais trop en faire ; tout coule naturellement, le récit ne se fige que dans les œuvres qu'il égrène sur son chemin. Un très beau et exigeant portrait d'un artiste révolutionnaire.