Roma
7.1
Roma

Film de Alfonso Cuarón (2018)

Voir le film

Avec Roma, c'est comme si Alfonso Cuarón avait écrit une déclaration d'amour à trois destinataires qui lui tiendraient à cœur.
En premier lieu, à son enfance. D'abord par l'omniprésence de la demeure familiale, espace de circulation de tous les membres de la maisonnée, hormis le père. Filmée en coupe et en longs plans horizontaux, cette grande maison bourgeoise où se sont cristallisés les souvenirs les plus marquants du jeune Cuarón- jeux, bagarres, repas de famille...-, occupe une place centrale dans Roma... A une échelle plus large, c'est la capitale, Mexico, ses rues, ses cinémas, ses quartiers riches ou défavorisés que le réalisateur décide de mettre en avant. Et son savoir-faire en termes de réalisation - photographie, cadrage, travelings...rend son projet particulièrement somptueux. Il y a du Fellini, celui d'Amarcord ou de Fellini Roma dans ce plaisir à convoquer les lieux de sa jeunesse et à les filmer avec le cœur.
La deuxième déclaration d'amour est également très fellinienne dans l'esprit. C'est celle pour le cinéma. Ici, les films diffusés sur le petit écran familial, là, les succès populaires programmés dans les grandes salles de la ville. Alfonso Cuarón est tombé amoureux du cinéma dans son enfance et il lui rend hommage. Sous la forme d'un bref mais explicite clin d’œil à Gravity avec un extrait des Naufragés de l'espace, ou à l'occasion de cette magnifique séquence de cinéma qui voit la détresse de Cloé, lâchée par son amant, se télescoper avec l'hilarité provoquée dans la salle par La Grande Vadrouille.
Enfin, Cloé, cette jeune femme de maison d'origine indienne à qui Alfonso Cuarón déclare rétrospectivement son attachement. Dès les premières scènes, le film s'éloigne des membres de la famille - la mère, le père, la fratrie... - qui ne sont jamais filmés en plan serrés-, pour adopter le point de vue plus spécifique de la jeune femme. C'est d'elle dont il va être question, de sa place dans la famille, de son destin. Mais c'est là, à mon avis, que le projet d' Alfonso Cuarón atteint quelques limites, le réalisateur mexicain ne parvenant jamais complètement à nous émouvoir. Comme si la beauté formelle indiscutable qu'il employait de scène en scène, en venait à mettre une trop grande distance avec ses personnages. On finit nous aussi par nous attacher à Cloé mais la mise en scène ne nous permet jamais de la comprendre vraiment. Là où les films de Fellini foisonnaient de personnages hauts en couleurs et d'humanité, on sent que Roma, tout en débordant d'amour ne réussit pas complètement à nous emporter.
Un très beau film pour autant.


Personnages/interprétation : 8/10
Histoire/scénario : 7/10
Réalisation/ photographie +++ : 9/10


8/10

Créée

le 7 janv. 2019

Critique lue 601 fois

13 j'aime

7 commentaires

Theloma

Écrit par

Critique lue 601 fois

13
7

D'autres avis sur Roma

Roma
mymp
3

Chiantissima!

Maintenant qu’il est devenu une sorte de super-auteur religieusement vénéré (Le prisonnier d’Azkaban, Les fils de l’homme et Gravity sont passés par là), Alfonso Cuarón s’est dit qu’il pouvait se...

Par

le 5 déc. 2018

79 j'aime

9

Roma
Kiwi-
8

Gravité des symboles.

La scène d’introduction annonce d’ores et déjà la couleur : une flaque d’eau ondulant sur le sol, reflétant un avion en partance pour un ailleurs, le tout baignant dans le noir et blanc de Galo...

le 18 nov. 2018

73 j'aime

4

Roma
trineor
5

La plastique parfaite, l'œil désincarné

Franchement, j'aime tout de Cuarón... et là, le gars fait son film à l'évidence le plus personnel et le plus intime, et pour la première fois je trouve ça rigide et morne. Le genre de rencontre qui...

le 16 déc. 2018

55 j'aime

9

Du même critique

Us
Theloma
7

L'invasion des profanateurs de villégiature

Avec Us et après Get Out, Jordan Peele tire sa deuxième cartouche estampillée "film d'horreur". Sans vraiment réussir à faire mouche il livre un film esthétiquement réussi, intéressant sur le fond...

le 21 mars 2019

107 j'aime

33

Ad Astra
Theloma
5

La gravité et la pesanteur

La quête du père qui s’est fait la malle est un thème classique de la littérature ou du cinéma. Clifford (Tommy Lee Jones) le père de Roy Mac Bride (Brad Pitt) n’a quant à lui pas lésiné sur la...

le 18 sept. 2019

97 j'aime

55

Life - Origine inconnue
Theloma
7

Martien go home

Les films de série B présentent bien souvent le défaut de n'être que de pâles copies de prestigieux ainés - Alien en l’occurrence - sans réussir à sortir du canevas original et à en réinventer...

le 21 avr. 2017

81 j'aime

17