En adaptant le roman "Un Bébé pour Rosemary" d'Ira Levin, Polanski réussit à terrifier son audience en instaurant une angoisse progressive baignant dans une atmosphère lourde, froide, prenante. Une atmosphère dont on ne peut lâcher prise, pris au piège jusqu'à la dernière minute. Un tour de force pour l'auteur de Répulsion, qui traitait par ailleurs déjà de cette terreur paranoïaque.


Le réalisateur franco-polonais nous entraîne ici à New York où un jeune couple sans enfant emménage dans un luxurieux appartement. Rosemary s'occupe de décorer tandis que Guy, acteur à la ramasse, galère pour trouver de vrais rôles autrement qu'au théâtre ou à la télévision. Leurs voisins, les Castevet, sont d'un accueillant sans pareil et le couple semble conquis par sa nouvelle vie. Mais l'appartement regorge de mystères, les murs sont fins et des chants étranges émanent de la cloison et M. et Mme Castevet deviennent de plus en plus présents dans leur vie, de plus en plus insistants.


Jouant sur la paranoïa la plus extrême et la plus étouffante, Polanski nous entraîne, au même titre que cette pauvre Rosemary (incroyable Mia Farrow), dans une spirale sans fin, elle qui vient de tomber enceinte et dont chacun, voisins comme médecin, semble s'intéresser de très (trop ?) près à sa future progéniture, seule contre tous. Proposant des plans d'une justesse absolue, appuyés par l'angoissante musique de Krzysztof Komeda (fidèle au réalisateur depuis Le Couteau dans l'eau), Polanski nous happe et nous tourmente, nous faisant lentement tomber dans un fantastique suintant, déroutant.


Les moindres sons émanant de l'appartement sonnent comme des crissements de craie, ajoutant une angoisse palpable tout au long du métrage. Garni de séquences horrifiques brèves mais d'une efficacité alarmante et d'une interprétation sans faille (Ruth Gordon et Sidney Blackmer, parfaits en voisins inquiétants), Rosemary's Baby ne vieillit que lentement, dévoilant une fois encore le talent de Polanski pour délivrer une mise en scène impeccable, instructive et intemporelle. Une leçon de terreur ne manquant pas d'effrayer le spectateur le plus aguerri aujourd'hui encore. Traumatisant.

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le 22 mai 2019

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