Moins convaincu que lors de mon premier visionnage.
J'ai trouvé des idées intéressantes, mais le traitement général est assez décevant. Les personnages sont bien écrits mais peu exploités ; les relations entre les personnages manquent d'approfondissement. En fait, il manque des scènes pour développer tout ce petit monde, que ce soit les fils et fille légitimes qui trahissent leur père ou ce fils adopté qui le soutient. Le tout est trop lisse aussi : ce vieux monsieur qui veut épouser la fille, finalement, il n'est pas très méchant, et l'hypocrisie du fils ne va pas bien loin. La trahison au tribunal, le père a à peine le temps de la subir que le happy ending surgit. Quel dommage.
Visuellement c'est correct, sans plus. Quelques mouvements de caméra pas très utiles et exécutés de manière un peu trop mécaniques ; le découpage est lisible mais le tout est très plan-plan au final et la photographie n'est pas particulièrement marquante. Le casting est correct : Gabin a tendance à surjouer, le faux fils aussi ; les deux autres enfants sont dans un registre plus naturel.
Bref, ça se regarde mais ça déçoit car les auteurs ne poussent pas assez loin leur développement de l'intrigue et des personnages.
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Ancienne critique : L'oiseau quitte le nid
Note : 6/10
Cette famille m'a un peu fait penser aux Tenenbaum de Wes Anderson. Même si ce ne sont pas des génies ratés, il y a un je-ne-sais-quoi qui y fait penser.
"Rue des prairies" est un film engagé, familial, sympathique. Il est dommage qu'il n'y ait pas une histoire plus construite ; en effet la construction est un peu décousue. Peut-être aurait-il fallu privilégier un point de vue, de préférence celui de Fernand, cela aurait permis d'intégrer des objectifs et conflits. La mise en scène est sympathique, rien de bien génial, juste le boulot nécessaire (et anonyme) pour que ce soit regardable. On ne perd ainsi aucune miette de l'action.
Bref, "Rue des prairies" divertit, mais reste un peu trop léger pour être mémorable.
Une réfléxion tout-à-fait personnelle (bonus) :
Je viens de me rendre compte qu'il y avait beaucoup de fondus enchaîné dans les vieux films. Ici, par exemple, entre deux scènes, comme pour marquer le temps qui passe. Ce qui est étrange c'est que c'est un procédé qui m'horripile habituellement dans les films contemporains, alors pourquoi je ne l'avais jamais remarqué dans un vieux film? Peut-être parce que les réalisateurs d'aujourd'hui l'emploient mal? Ou bien parce qu'inconsciemment je me suis mis à la place du spectateur de l'époque qui ne devait pas non plus y prêter attention ? Quoique je ne suis pas tellement fan de cette explication par l'époque, par le contexte. Pour la simple et bonne raison que si c'était vrai, alors si je n'aime pas le montage rapide des films actuels, c'est parce que je n'accepte pas de m'accrocher à notre époque... Ca me paraît stupide. je pense qu'un réalisateur crée un atmosphère, un monde régi par des lois, des grammaires cinématographiques. Cela expliquerait que certains vieux films passent mieux que d'autres, pareil pour els contemporains. Après tout, si je n'aime pas le montage épileptique, ça ne m'a pas dérangé dans la saga Bourne. Parce que ça semblait logique, ou plutôt 'normal'. Le devoir d'un réalisateur, quelques soient ses choix esthétiques, est de rendre 'normal' ces choix. Et pour cela il doit être cohérent d'un plan à l'autre. C'est ainsi qu'un vieux film peut me convaincre d'être bon malgré une variation de plans moindre, malgré des mouvements parfois moins fluides, malgré une utilisation d'effets que je n'apprécie pas en soi.