Pendant 15 bonnes minutes, il faut dire que j'étais à deux doigts de manger Matt Dillon avec une cuillère à glace. Le marcel trempé, la sale gueule d'ange et le foulard plein d'alcool de la veille, je vais pas mentir, c'est ma came. Au premier abord, Rusty James, c'est un peu un teen movie pour faire mouiller les filles entre deux cours d'svt - mais faut attendre Motorcycle Boy. Faut pas se fier aux apparences souvent trompeuses chez Coppola - parce que dans Rusty James, l'important, c'est pas Rusty James. C'est son putain de frère.
Dès que Mickey Rourke débarque, le film prend définitivement un autre tournant. Matt Dillon n'est là que pour montrer à quel point ce bad boy au coeur #tendre attend la délivrance divine, le pardon et la repentance, tout ça en trainant sur sa mob et en distillant ici et là des discours presque philo sur les gangs et la drogue. Rusty James c'est juste un gamin qui comprend rien. Motorcycle boy, c'est le roi en exil, le prince de la ville. C'est le mec qui est parti et qui est revenu incognito derrière ses lunettes noires, qui fait un sourire aux filles qui se désespèrent d'amour pour lui et à qui il lâche un regard presque désolé avant de se tirer pour boire dans les quartiers chauds de la ville.
Comme dans Dracula, Coppola use et abuse des travers du cinéma et flirte avec les shémas presque manichéens du genre - on a presque l'impression de revoir du Capra, et pas seulement pour le noir et blanc léché et les ombres en pochoir psychédéliques. Encore une fois, c'est le mélange surréel entre le cinéma des années 60 et l'underground fleurit des années 80 - du sang et de la bagarre, du sexe et des bars où Tom Waits vend des glaces - oui, mais le tout sous des mandarines de studio glacées, dans des décors de fin du monde, avec toujours cet amour de la morale de fin, du fond qui épouse parfaitement la forme - C'est simple, c'est efficace, ça marche.