janv 2011:

Un film de Blake Edwards qui condense toutes les folies de Blake Edwards, un festival hyperactif de gags et de bons mots. Sous ecstasy, car le rythme est affolant, coupé seulement par quelques plans de respiration, où l'aristocratie hollywoodienne semble prendre calmement son élan afin de sauter plus loin encore dans le bain bouillonnant d'un délirium très large. L'upper class installée en bord de mer régnant sur l'industrie cinématographique et les millions de dollars qu'elle génère, producteurs, acteurs et créateurs festoient sans arrêt, boivent jusqu'à plus soif, baisent jusqu'à plus désir, avec cette sorte de fringale hystérique qui ressemble assez à l'insatiable addiction des junkies, une infernale nécessité de remplir le vide, sans fin, jusqu'à la folie. Au delà de sa profonde folie, celle des autres prend le relais post-mortem. La grosse boule de neige n'en finit donc jamais de dévaler la montagne. Les hommes meurent, se suicident ou peuvent pourrir sur une plage sans que personne ne les remarque. La mort n'est que parenthèse, imbibée d'alcool. On lève son verre et on remet le pied sur le manège désenchanté ; ça repart pour un tour, un autre délire. Voilà Hollywood sauce Blake Edwards, hypocrite, déséquilibrée, aliénée, inhumaine, vaine. Un manège, éternel renouvellement où les êtres s'agitent et s'abîment, insensés.

Le portrait est triste. Sous la chromatique peinturlurée se cache un profond désespoir, quelque chose de violemment noir. Pas de doute, derrière Félix Farmer (Richard Mulligan), le réalisateur détruit par l'expropriation de son film, se distingue clairement Blake Edwards lui même, un auteur désespérément attiré par le rire comme on s'accroche à une bouée en pleine mer.

Si le rire ne suffit pas, Edwards lui adjoint volontiers le sexe, surtout quand il reste cadenassé par les tabous américains. Aussi le topless de Julie Andrews apparait-il comme une apothéose à la fois ludique et jouissive, une sorte de pied de nez effronté. Mesurez-le, bordel : les roploplos de Mary Poppins, merde! Fiers et légers! Hé, hé... j'en ris encore! Quand on voit le pataquès qu'avait provoqué il y a peu le faux topless de sœurette Jackson lors du fameux Superbowl... le vrai frontal de Mary Poppins!

Sacré Julie Andrews! Une actrice formidable. Si vous n'êtes pas au courant, courez emprunter "Victor Victoria" par exemple! Dans SOB elle fait preuve d'une espièglerie qui la rend encore plus charmante. Une femme propre à épouser Blake Edwards.

Je vous conseille vivement les délectables saillies de Robert Preston en toubib imbibé à la couperose florissante.

Je suis un poil tatillon sans doute mais je suis peu sensible au style de Richard Mulligan. A la limite, je pourrais même dire que ses grimaces m'indisposent. Pas le type d'acteur qui me plait.
Bref, une pétaradante comédie de Blake Edwards, à l'orange amère.
Alligator
8
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le 16 avr. 2013

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Alligator

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