The Quiet Game

Premier film d'horreur de John Krasinski –aka Jim Halpert de The Office–, A Quiet Place est un film postapocalyptique intéressant centré sur une famille essayant de survivre au milieu de monstres aveugles mais dotés d’une ouïe très développée.

C’est un concept de base est tres original, mais qui possède quelques incohérences. On se demandera pourquoi les monstres ne se mettent pas a courir dans tout les sens dès que le vent fait bruisser les feuilles, mais savent quand c’est bien un humain qui fait craquer une branche. Ou comment ils peuvent cavaler dans tous les sens sans se casser la figure au moindre obstacle. Ou pourquoi aucun humain n’avait réussi à trouver plus tôt leur faiblesse pourtant assez simple. Ou si marcher sur du sable fait moins de bruit que de marcher sur de l’herbe.

Ces questions restent sans réponse mais ce n’est pas bien grave. Certains développements de l’histoire sont par contre plus hasardeux. Le film ouvre sur une séquence osée dans laquelle l’un des enfants de la famille trouve la mort, avant de faire une ellipse d’un an. Cela sert, outre à illustrer la menace, à instaurer une dynamique entre le père et la fille sourde, à l’origine de l’accident et qui pense, à tort ou à raison, que son père lui en veut. Sauf qu’à aucun moment on ne les voit vraiment leur deuil et leur chagrin… mis à part la mère. Au contraire, ils les parents n’ont pas attendu 3 mois avant de faire un autre gamin. Donc cette dynamique remord/reproches père-fille semble finalement assez factice. D’autre part, la surdité de la fille est aussi très sous-exploitée. C’est pourtant un désavantage majeur de ne pas pouvoir se rendre compte du bruit qu’on fait, mais cela ne semble jamais un problème pour elle… Un appareil de mesure du son aurait pu faire un bon relais visuel pourtant et rajouter de la pression. Enfin petit coup de gueule sur la scène de l’accouchement, pas crédible du tout dont le moment crucial est coupée et qui se déroule littéralement en quelques dizaines de secondes.

Autre élément en demi-teinte du film : le son. La prise son est loin d’être mauvaise, parfois même très réussie. Je pense en particulier à la fille sourde et à la scène de danse avec écouteurs. Mais on a du mal à se rendre compte de la sensibilité de l’ouïe des monstres, car forcément tous les sons provoqués par les personnages sont mis en evidence -pas, respiration, etc– souvent sans consequence. Peut-être un sound design plus évocateur des monstres aurait pu régler ce problème. Un problème dont Krasinski semble avoir conscience d’ailleurs, à moins qu’il ne soit tombé dans un travers typiquement americain : la sur-utilisation de musique. Je ne suis pas contre de manière générale mais cela masque ici les sons si cruciaux et remplace la tension sonore intradiégétique par une autre, extradiégétique, beaucoup plus factice.

Ce film ne manque pourtant pas de qualités. Krasinski n’a pas eu peur de faire un film « court » de 1h30, du coup l’histoire, malgré ses défauts, est prenante et bien rythmée. Sa réalisation est de plus très classe, avec notamment des travelings maîtrisés et des plans rapprochés très esthétiques. Le résultat est très plaisant à regarder. Quand on pense que c’est son premier film de genre comme réalisateur c’est d’autant plus prometteur. Les acteurs aussi sont très bons, Krasinski et Blunt mais aussi les enfants. Dans un film quasiment sans paroles et sur un casting très resserré c’était indispensable.

Bref, A Quiet Place est un film de monstres original, qui possède des défauts mais reste réussi. En tout cas, les prochains films de John Krasinski seront à surveiller.