Outre la nécessité et la force du propos, qui s’inspire entièrement de faits réels, autour des saillies sexistes de Trump durant les primaires républicaines et des dérives d’harcèlements chez Fox News, il faut bien dire qu’il y a zéro idée de cinéma là-dedans. Déjà c’est réalisé comme un épisode de Parks and Recreation, ensuite c’est terriblement programmatique. Bref, voir ça chez soi sur sa télé c’est très bien.


 Le film fonctionne plein pot sur un point, le hashtag metoo dont il dépeint les prémisses (Roger Ailes avant Harvey Weinstein, en gros) et c’est tout. C’est son alibi. La mise en scène est inexistante, l’interprétation en surrégime et la narration mal branlée.
Mais pire, à force de s’ériger en tract démocrate didactique, paresseux et cousu de fil blanc, le film ne fait que brasser du politiquement correct et finalement être ce qu’il fustige : Un objet bien pensant, quasi républicain dans sa fabrication : Charlize Theron qui produit et qui file la réalisation à l’auteur d’Austin Powers je trouve ça au mieux paradoxal au pire carrément problématique, mais bon.
Il y a malgré tout dans ce torrent de médiocrité un rouage étrange et tout aussi paradoxal, qui fait tenir le visionnage : Le rôle du patron de la chaîne, incarné par un John Lithgow tellement fort qu’il vole la vedette aux trois femmes (Kidman, Theron, Robbie) jouant cavalier seul un méchant parfait d’ambivalence, mais qui du coup dans un film aussi tiède dans son ensemble fait très maladroit, tant le film ne construit pas grand-chose sinon du programme, pour ses victimes.
Par ailleurs son idée de prendre trois actrices au physique et à l’âge très différents, mais qui finissent par se ressembler toutes les trois, à renfort de maquillages et de prothèses, comme si on les saisissait sous le regard empirique de Roger Ailes, ne débouche sur rien puisqu’on s’intéresse in fine moins à elles qu’à lui.
Autant dire que la dimension subversive, le loin d’être scandaleux Scandale s’en cogne. C’est un film beaucoup plus opportuniste qu’il n’en a l’air. Un film à charge, suffisamment passionnant pour ce qu’il traite mais triste à mourir tant il le traite si mollement.
JanosValuska
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le 9 févr. 2021

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JanosValuska

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