- Année de sortie de L'Empire Contre-Attaque, dont le précédant opus à engranger une nouvelle mode de films de science-fiction et de space opera en tout genre, s'accompagnant aussi de la vague des slashers que les eigthies se voient envahies.
Cette année sera aussi marqué par cette oeuvre, depuis considérée comme culte. Remake du film du même nom de Howard Hawks sortit en 1932, et écrit par un Oliver Stone dépendant à l'héroïne, à cette époque réal de seulement deux films mais surtout scénariste. De Palma s’attelle alors à la réalisation de ce qui deviendra une oeuvre de contre culture, quittant le poste derrière la caméra de Flashdance.
Les premières critiques furent extrêmement violentes, assistant à tout ce sang, cette coke et ses délicieux dialogues couronnés de "fuck". Brutal au sein du film, mais surtout sur le spectateur, ne s'attendant pas à un vrai coup de pied dans les miches, un coup de pied destiné à Hollywood.
Car si Scarface est reconnu aujourd'hui comme un film culte, un film "trop classe" avec un Tony Montana "trop cool", c'est qu'il a secoué son petit monde. Scarface est à l'image de son personnage principal, violent, énervé, qui tire sur tout ce qui bouge. Le public voyant le film comme un truc hargneux et agressif, excessif dans tout ce qu'il fait et ce qu'il dit ("fuck, fuck, fuck..."), un spectacle régressif et beauf, à aussi tort que ceux qui adulent cette oeuvre parce que "c'est trop fun et Al Pacino il est top classe".
Scarface est à la limite de la parodie, un film, oui vous avez raison, excessif à tout les étages. Et le film le sait. Il sait clairement qu'il sombre presque dans la parodie avec tout ses excès. Michelle Pfeiffer fait tomber le rideau en gueulant sur un Al Pacino totalement lâché : Can't you stop saying fuck all the time? Le film anticipe tout ce que les gens diront. Il se moque de lui même, son anti-héros n'étant même pas une réelle figure de grand méchant pas gentil. Tony Montana est un petit cubain (même physiquement, à côté d'un autre il perd son aura de menace, tout en restant dangereux) hargneux, immature, qui crie et saute partout. Sombrant même dans le ridicule, comme la scène où Pacino danse seul au milieu des autres, s'y croyant à mort mais étant pathétique, sur la musique géniale de Giorgio Moroder (qui fera par après l'excellent bande originale de L'Histoire Sans Fin), signant une BO dans les canons de l'époque, posant une marche sur lequel le spectateur pourra poser son pied avant que le reste du film ne le pousse violemment.
Le film regorge de moments qui témoignent du second degré du film. On sent presque De Palma se marrer derrière. Scarface est un film classe si vous voulez (visuellement, oui), et les petits voyous voient Tony comme le grand bandit menaçant, la figure du méchant. De Palma voyait ailleurs.
A l'image de The Bling Ring de Sofia Coppola (dans un genre complèèèètement différent), Scarface témoigne l'envie de son réal de dynamiter le circuit cinématographique dans lequel son oeuvre entre au monde, en jouant d'un second degré à la limite de l'hilarité, se moquant d'une certaine manière du public. Scarface est une oeuvre qui va à l'encontre des canons habituels de l'époque, la droite parmi les courbes, Scarface est le majeur levé de De Palma, le sourire au lèvres, réussissant un paquet de challenges.
Voyez Scarface comme une oeuvre dynamitant l'époque où elle est sortie, scandant un "va te faire voir" à la sci-fi et aux slashers de l'époque.T'es gore ? Bah tu va voir moi aussi.
Voyez le par les yeux moqueurs du personnage de Michelle Pfeiffer. J'aime beaucoup Scarface, parce qu'il satirise tout, y comprit lui-même, dans une oeuvre rock'n'roll qui sait qu'elle vaut mieux qu'un film de gangsters violent et soit-disant classe... L'un des films les plus cynique et sarcastique que j'ai vu.