On tient là le dessus du panier en matière de film de gangsters. Al Pacino alias Tony Montana domine chaque plan du film. Dans ses habits de caïd de la drogue trop grands pour lui, le petit réfugié cubain sème la terreur avec sa tchatche, ses coups de gueule et ses réactions aussi violentes qu’imprévisibles (comme la balle tirée soudainement dans la tête d’un tueur du baron de la drogue bolivien suite au refus de Tony de faire exploser une voiture piégée avec deux enfants à l’arrière). Malgré l’argent amassé, notre caïd fait le malheur de tous ceux qu’il côtoie. Ne pouvant se contrôler, il tue même son meilleur ami et cause indirectement la mort de sa sœur chérie. Le vocabulaire ordurier, les dialogues vulgaires ou équivoques (par exemple, à une superbe fille en maillot de bain : « Oyé sapapaya, ça vous dirait un ice cream avec mon ami et moi ? »), les scènes d’une rare violence (l’homme découpé à la tronçonneuse dans un hôtel ou celui jeté et pendu d’un hélicoptère, la fusillade au « Babylon Club », la vengeance de notre cubain contre son mentor, Montana complètement beurré humiliant son épouse dans un restaurant, la sanglante fusillade finale avec un Tony camé jusqu’au yeux) sont devenus cultes. Côté casting, même les seconds rôles retiennent l’attention (le compatriote et lieutenant de Tony, le caïd de Miami, Michelle Pfeiffer en épouse sublime bien qu’un peu froide, le baron de la drogue bolivien, le flic pourri, etc.). De plus, ce film n’a pas pris une ride (jolie photographie, BO efficace, etc.). Enfin, grâce au style direct du réalisateur, « Scarface » ne comporte aucune scène inutile. Bref, je suis resté scotché devant l’écran durant tout le film.