Scarface par Pascoul Relléguic
Hop, voici un sacré trou enfin comblé dans ma culture cinématographique. Pas déçu de la découverte, faut dire que Tony Montana est parvenu à s'évader du cadre de son film pour vivre éternellement au sein de la culture pop (c'est donc de là que provient "say hello to my little friend"...).
Je savais que son mythe ne retenait que la partie ascendante de sa carrière de truand badass mais j'ai tout de même été agréablement étonné que Scarface se consacre tout aussi longuement à sa déchéance pathétique, donnant vraiment une dimension très humaine à ce personnage de connard hors norme. On a donc une belle illustration de l'illusion qui consiste à vouloir compenser un manque affectif par une accumulation de biens ou de pouvoir : Montana, dont on comprend qu'il a souffert d'une défaillance de l'imago paternel, ne tient le coup qu'avec des défenses narcissiques en béton armé, catégorie j'ai les plus grosses couilles d'un monde que je veux entièrement incorporer en moi, et se ne trouve sens à sa vie que dans l'ivresse de l’ascension sociale... Tout ça pour se reconfronter à son vide intérieur dès qu'il a atteint le sommet. Ne reste plus que la coke pour continuer à alimenter son aura testiculaire et entrainer tout son entourage dans sa dynamique autodestructrice. Pfeifer le résume bien avec cette idée : "on s'est cru des tigres mais on n'est que des louseurs". Par contre, il est marrant de noter qu'un point décisif dans la fin de Montana est un sursaut de sens moral (le refus de tuer une femme et des enfants, image d'un mode de vie assez classique qu'il désire mais dont il ne parvient pas à se contenter).
Le film a beau avoir quelques années, certaines séquences dépotent toujours très bien, comme l'altercation sanglante avec les Colombiens ou le grand final complètement chaotique. A l'opposé, South Park est parvenu à bien ringardiser la séquence "we need a montage" avec la zik Push it to the limits, terriblement ridicule quand elle surgit à l'écran. Mais bon, excellents acteurs, superbes styles vestimentaires, coke & bling-bling, épopée mythique, tout est dit.