Je suis un pirate de l’espace ! Mars, je t’ai colonisé et nous nous reverrons, un jour...peut-être !

C’est à se demander où Ridley était quand celui-ci réalisait Prometheus ou encore Exodus voir Cartel. Comment un tel écart de niveau peut exister entre le génie d’Alien, le réalisateur du dernier péplum digne de ce nom et ses dernières créations.
On était beaucoup à se demander si Seul sur Mars allait fonctionner aux vues des dernières livraisons plus que moyenne de Ridley Scott. Surfant sur la vague à succès lancée par Gravity et relayée par Interstellar, The Martian ou Seul sur Mars avait l’énorme challenge de répondre qualitativement au deux compères. Ridley a reçu le message a 200% et livre LE film que Seul sur Mars devait être.


Intrinsèquement Seul sur Mars a ses défaut et ses limites, une limite de possibilité : Mars c’est moins grand que changer de système solaire. Avec ce sujet, Ridley ne pouvait pas aller aussi loin qu’Interstellar en terme de portée et d’humanité….enfin je le pensais. Ridley surprend, encore et toujours en réalisant un film d’une humanité subjuguante. L’histoire d’un botaniste bloqué sur une planète peu accueillante. A la manière du très beau Moon, la solitude de l’homme est formidablement retranscrite. Matt Damon rend une prestation tout en justesse, à la fois sensible et courageuse. Il n’est pas loin de livrer sa meilleure prestation le bonhomme. Jessica Chastain (♡) et tout le reste du casting rendent tout cela encore plus grand. On retrouve en plus Mckenzie Davis découverte Halt and Cath Fire mais aussi Chiwetel Ejiofor et Kate Mara pour notre plus grand plaisir. Des têtes connues mais trop peu présentes au bon endroit.


Cette épopée solitaire sur une planète ocre ne souffre d’absolument aucune longueur. C’est menée avec une finesse et une telle intelligence par Ridley Scott que celui-ci donne à Seul sur Mars et à cette quête survivaliste une portée humaine grandiose, à la fois rêveuse et fantasmagorique. A la fois si proche et si loin. Mars, soeur de la terre, inamicale, si magnifique, gigantesque, aussi similaire que meurtrière. Seul sur Mars nous rappelle encore une fois notre petitesse dans cet univers inqualifiable. C’est la grande force de Seul sur Mars, avec un sujet si minimaliste (un mec bloqué sur une planète), Ridley arrive à donner à son film une vraie réflexion sur l’homme.


Visuellement magnifique, Ridley Scott nous rappelle que la 3D n’a pas besoin de nous envoyer un boulon à la gueule pour être utile. La 3D, ici, est un artifice d’immersion. Elle sert le film sans être le but de celui-ci. Elle sert la tempête martienne nocturne (quelle scène d’ailleurs !), elle sert à rendre l’espace encore plus beau, elle sert à emporter le spectateur vers une planète qu’il n’a jamais vu de si près. Mars nous est dévoilée avec une beauté, une pureté et une froideur telle, que l’on s’imagine tellement de chose à son propos. Epopée rêveuse qu’est Seul sur Mars. Il est facile de me faire rêver quand on se propose de m’envoyer ailleurs, encore plus quand c’est fait avec inventivité et idée.


Être coincé sur Mars avec du Abba et du disco n’est évidemment pas la meilleure chose qu’il soit (et encore, imaginons être bloqué avec Maitre Gims ou Francky Vincent…) mais les pointes d’humours présentes tout au long du film sont nécessaires à un récit humain et simplement humain. La BO est assez riches entre disco et résonance plus classique donnant à l’espace sa grandeur et à Mars ses mystères. Ridley Scott n’en oubli pas de finir sur une dédicace à France 98 en lançant à I Will Survive (on l’avait pas vu venir celle-là !)


Au diable la technique et les grandes théories (prends ça Interstellar), la patate, la musique, le Do it Yourself, le fait à l’arrache, l’inventivité et s’en sortir avec une toile et un cable est le propre de l’homme. Dans l’espace inhospitalié, c’est en utilisant ses mains et ses idées que l’on s’en sort. Seul sur Mars en est la preuve.


C’est d’un optimisme bienvenue qui redonne une nouvelle fois à l’aventure spatiale ses lettres de noblesses. En 3 films, ce thème sera redevenu terriblement grisant et divertissant. Donnant à l’homme la possibilité de rêver et de s’imaginer l’infini. Gravity était l’épopée sensorielle, Interstellar était l’odyssée spatiale, Seul sur Mars est l’épopée solitaire (mais tellement universelle) d’un mec qui a levé la tête pour voir plus loin que la terre. A la fois conquistador, pirate, botaniste, tant Iron Man que fermier, débrouillard invétéré et drôle, Seul Sur Mars et Mark Watson ainsi que toute l’équipe de l’Hermès et Ridley Scott redonnent à l’homme l’envie de rêver plus grand (sans aucune référence au slogan du PSG) en nous rappelant que nous sommes capables de tout.
Seul sur Mars est plein d’énergie, c'est une poussée nucléaire vers l’optimisme et l’envie d’y croire. Porté par un acteur au sommet et un réalisateur retrouvé qui en 2h20 ne trouve même pas le moyen de nous ennuyer, cette épopée rêveuse vers notre plus grand défi est éblouissante et profondément humaniste.


Adieu Mars, nous nous reverrons, mais pas encore, pas encore...

Halifax

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8

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