Ridley Scott est un réalisateur curieux. Ses quatre derniers films sont tous plus ou moins des purges, les précédents étaient un poil plus intéressants mais bien loin de ce qui m’avait fait aimer ses premiers films, et puis bon, après quelques années d’errances qui ont surtout mis en avant son ego assez invraisemblable, et passablement injustifié au regard de ses productions, il ressort un film convenable.


Pas génial, que les choses soient claires, mais un divertissement tout à fait honnête. Enfin ce serait le cas si ce bon vieux Ridley ne s’était encore fendu de quelques interviews ou on comprend qu’il est persuadé d’avoir réalisé la synthèse entre 2001 et Gravity. Le côté hard science lui donnant apparemment la légitimité pour asseoir ce qui n’est qu’un blockbuster sympathique sur le trône du genre.


Du coup, partagé je suis, puisque l’intention du réalisateur discrédite joyeusement son œuvre…


N’étant pas vraiment en phase avec notre réalisateur mégalomane qui commence à yoyoter de la touffe, j’ai en effet du mal à ne pas me lâcher un peu sur ce martien rougeaud. Mais bon, j’ai appris avec l’âge à faire la différence entre un artiste et son œuvre et pour le coup je ne vais pas bouder mon plaisir devant ce survival solitaire (mais à plusieurs quand même puisqu’outre ses comparses d’outre-espace, Matt Damon est accompagné de caméras à qui il livre ses pensées profondes), et qui ne tourne presque pas au syndrome Gravity (mais si vous savez, celui qui transforme un film incroyable de sensations en une accumulation de clichés de film catastrophe) hormis quelques passages un peu vains dans lesquels Matt Damon se prend pour Iron Man.


Ne boudons donc pas notre plaisir et sachons apprécier un divertissement tout à fait honnête, plutôt proprement filmé, mais qui n’a clairement pas grand-chose à nous raconter : si on enlève les blagues sur le disco, les patates et les scènes de liesse dans les salles de contrôle de la NASA (réglementaires dans ce genre de film), on doit pouvoir raccourcir la bobine de deux ou trois quart d’heure.


Car malgré tout, Matt Damon fait le taff, les scènes « seul sur mars », si elles ne sont pas si nombreuses, sont plutôt réussies et si les autres personnages de l’histoire sont totalement dénués d’intérêt (on passera sur les références pourries au seigneur des anneaux) lui est plutôt crédible dans son rôle.


C’est donc un peu long et pas bien intelligent malgré ses apparats scientistes, mais c’est au final un bon film de dimanche soir avec sensations fortes et jolis paysages à la clé. Pas si mal pour un réalisateur que je pensais définitivement perdu pour le cinéma.

CorwinD
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le 17 nov. 2015

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