Adapté d’une pièce de théâtre, Seule dans la nuit a le grand mérite de nous enfermer avec l’héroïne pendant plus d’une heure et demie dans son studio, formant ainsi un huis clos assez réussi par instants où l’aspect théâtral se voit dédoubler par quelques belles idées en matière de mise en scène. Et puis il y a Audrey Hepburn, aveugle lumineuse qui, en dépit de quelques approximations – elle enjambe ou évite les cadavres qui jonchent le sol alors qu’elle ne peut les voir –, livre une performance intéressante, loin de ses rôles habituels. Le gros point noir du film, c’est la complexité inutile de l’intrigue qui se plaît à cultiver les zones d’ombre – qui est qui ? comment se retrouvent-ils tous là ? – et les retournements en brouillant les pistes par des carences scénaristiques finalement palliées. Or, la simplicité élémentaire aurait aidé l’ensemble à respirer et, surtout, à gagner en crédibilité ; car, reconnaissons-le, la structure dramatique frôle l’absurde une fois les pièces du puzzle réunies. Quant au grand méchant, son potentiel demeure sous-exploité et quelque peu caricaturé. Reste un thriller bien troussé qui tient son spectateur en haleine tout en offrant à la sublime Audrey Hepburn l’occasion de prouver – s’il lui fallait encore prouver quoi que ce soit – l’étendue de son talent.