Rappelez-vous de la musique du générique de Mc Gyver...

Attention, ça spoile dur.

Le générique de McGyver est ce que j'ai entendu pendant la scène du doigt, pendant la fight dans l'appartement. On coupe le doigt, on y enfonce un clou, on le scotche à son propre doigt pour pouvoir tirer avec les armes à reconnaissance tactile. Alors qu'elle pouvait simplement tirer le bras du mort à elle et... Oh merde, je sais même pas pourquoi je me fatigue.
Cette scène est à l'image de tout le film : en voulant traiter sérieusement un thème de SF costaud (la limitation des naissances), il est complètement parti en vrille.

Le pitch de base est assez basique mais plutôt bien vu. Comme à chaque fois dans ce genre d'univers dystopique, l'intro est hyper puissante (cf. "Je suis un légende", "Snowpiercer", "Titan" (oui, oui, Titan, mais que l'intro), etc...). En deux minutes l'ambiance est posée, et on s'attend à du lourd.
Au final, on ne récolte que du flan.
Aucune cohérence, aucun enjeu, aucun attachement, et comble du comble, la morale du film est au mieux ambigue, au pire détestable. En tout cas, rien n'est réglé.
- On nous présente les sept soeurs comme toutes très différentes, elles trouveront donc un emploi qui leur correspond à toutes. Mais c'est quoi, leur emploi, bordel ? Je voulais savoir, moi, le concept est trop bien ! Ben non, elles bossent dans une banque, métier lambda s'il en est . Je ne critique pas les banquiers, mais dans un monde du futur à la limite du post-apo, avec une famille de sept frangines avec des capacités différentes, je m'attends à un autre job que "bonjour, Françoise Pichon, votre conseillère LCL"...
- Elles se font attaquer dans leur appartement (pour moi, le moment du film où tout bascule dans le ratage). La scène est plutôt réaliste, bien troussée, mis à part le mec qui se fait tué à coup de porte de congélateur dans les jambes, ce qui le balaie et lui éclate la tronche (ok...). Et ensuite ? Ben on reste là, on va pas s'en aller, on risque de prendre froid dehors. Mais putain ! Ceux qui vous ont attaquées ont votre adresse ! Votre putain d'adresse ! 4, rue des Tilleuls, 92520 Clichy-sous-Marne. Ils savent où vous habitez, bordel ! Non, non, on reste là.
- La suite est à l'avenant, je vais pas refaire le détail de tout. A part ce petit détail là, qui m'a bien énervé (et un autre que je réserve pour la fin) : on est dans un monde du futur, et le système de détection c'est : une Apple Watch ? Un truc qu'on peut manifestement pirater en deux sets ? Alors qu'elles ont un scanner rétinien pour entrer chez elles ? Mais pourquoi il n'y en a pas partout ? Mais merde, dans Minority Report, Tom Cruise ne peut pas faire deux mètres en ville sans se faire scanner. Là on y croit. Dans Seven Sisters, on n'y croit pas.

Et le final : en fait Monday était enceinte et elle ne voulait pas que les autres le sachent, et a préféré déclencher toute cette merde pour sauver son gosse. Mais qu'est-ce qui ne va pas chez vous, les scénaristes ? Elles ont appris à grandir toutes les 7 en se cachant. Qui d'autre que tes 6 soeurs est le mieux placé pour comprendre ce que tu vis ? Pourquoi tu ne leur en parles pas, bordel ? Qui d'autre peut t'aider ?
Alors bref, pan pan boum boum, tout le monde est mort (entre temps, on a eu accès au secret terrible sur lequel repose toute cette société, quelle révélation, un incinérateur à surplus d'enfants, à laquelle on accède sans problème accompagnée d'un soldat amoureux qui peut descendre jusque-là sans être habilité...) donc tout le monde est mort, est la morale est : ben ça valait le coup de détruire ce système de limitation des naissances et donc la société dans laquelle on vit, parce que comme ça on peut faire des bébés.
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J'en reste sans voix.
On est face à un système dont on nous a très bien expliqué au début qu'il était la seule chance de survie de l'humanité qui se mutliplie comme des petits pains, et on détruit ce système (horrible, certes) pour... ben on sait pas pourquoi, au juste. Il n'y a pas de message politique, pas de réflexion, juste "je suis égoïste, je suis enceinte et je veux garder mon bébé, quitte à tuer mes 6 soeurs, et celles-ci continueront mon combat et abattront le système quand même pour que mes enfants vivent." Je... Wouah... J'en suis tout tourneboulé. Je n'ai que rarement vu une oeuvre de SF autant se torcher avec toute considération philosophico-sociéto-politique. Rien. Le néant.

Bon, une dernière pour la route.
La bombe dans le micro-onde (McGyver ou Kevin McAllister, je vous laisse choisir). Au moment où elle a enclenché le truc, je me suis dit "si ça explose quand le micro-onde sonne, je chie sur la moquette". Et... Suspense... Ca explose quand le microonde fait ding ! Mais on est en 2017 (enfin je l'ai vu en 2018, mais ça ne change rien), merde, ce genre de truc fonctionnait dans les années 80 quand on était gosses. Qui croit encore à ça ? Quand le micro-onde fait ding, ça veut dire qu'il n'y en a plus, de micro-ondes, justement. Donc si ce que tu as mis dedans n'a pas explosé pendant le compte-à-rebours, quand ça fait ding, c'est fini, ça peut plus péter.

En fait, j'avais totalement oblitéré ce film de ma mémoire. C'est en regardant la liste des meilleures films de 2017 que ça m'est revenu (avec les cheveux dressés sur la tête de le voir dans cette liste). Et comme je viens de découvrir les plaisirs de la critique sur ce site, je ne pouvais pas rester silencieux.

Ca va mieux.
Si vous ne l'avez pas vu, ne le regardez pas. Regardez Snowpiercer à la place, on est presque sur le même thème, dans un certain sens, et niveau qualité, cohérence et enjeux, on joue dans la cours des grands.