"Shortbus" est un film qui fait beaucoup de bien : car le vrai culot de James Cameron Mitchell, ce n'est pas de filmer frontalement des scènes de sexe non simulé (solo, hétéro et homo, puis tout mélangé) - sans aucun des complexes qui conduisent généralement au désastre -, mais d'en faire un traité de notre désespoir, qui n'en finit jamais de transpirer derrière chaque plaisanterie, caresse ou geste de tendresse. Le chaos du monde (on est dans le New York qui souffre de l'après 9-11) a fini par pénétrer corps et âme la jeunesse, qui en est réduite à baiser ou à se suicider : mieux vaut faire la fête, que cela soit en dansant sur des musiques sublimes (quelle bande-son, signée Yo La Tengo !) ou en partouzant avec générosité entre travestis, transsexuels et dominatrix. On peut toujours espérer qu'un premier orgasme rallume le monde plongé dans le blackout. On peut en tout cas se délecter de l'énergie de la scène underground new-yorkaise, magnifiquement chantée ici dans sa résistance "perméable"