Je ne sais pas si Justine Triet va mal, mais son cinéma est en tout cas de plus en plus dépressif ; et ses personnages s'enfoncent dans la crise. Pas un ici qui n'ait sa scène de pétage de plombs, de cris, de larmes - Adèle Exarchopoulos pleure davantage encore que dans La vie d'Adèle, ce qui n'est pas peu dire ! Saluons tout de même la différence notable que cette fois on l'a autorisée à s'essuyer la morve du nez...
Pour le spectateur, il est d'abord difficile de trouver un point d'empathie avec cette galerie de figures désespérées qui rivalisent de malheur. On passe littéralement d'une scène de larmes à une autre scène de larmes, l'érotisme des scènes de baise joliment naturalistes est encore plombé par l'amertume et la folie mélancolique, et le montage, pourtant assez intelligent, donne la sensation un peu vaine d'un manège qui tourne à vide dans le nauséeux.
C'est dans son dernier mouvement que le film fonctionne enfin : l'humour passe (le personnage de la réalisatrice, qui choisit de ne pas faire d'esclandre lorsqu'elle apprend que son mec la trompe pour pouvoir terminer son long métrage, est assez savoureux), l'émotion aussi (scène finale touchante et troublante), la thématique de la dépendance et de l'addiction (aux autres, aux substances, aux ambitions) se déploie de manière moins hystérique, et l'on s'attache enfin à l'intériorité chaotique de ces personnages à la dérive - Virginie Efira en tête, irréprochable.
Dommage que la sauce ne prenne que si tard.