Si dans les festivals, on trouve de véritables pépites du cinéma d'horreur et d'épouvantes indépendants (Merci Strasbourg & Nice, bientôt au tour de Paris et Gérardmer), je pense à V/H/S, Excision ou Tucker & Dale vs Evil de manière comique, d'un point de vue médiatique, il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent. Les sorties en salles pour des films du genre se font de plus en rare, et lorsque cela se fait, c'est de manière très limité (cf Babycall, vainqueur cette année à Gérardmer). En fait, deux tendances majeures se dégagent du cinéma d'épouvante/horreur à l'heure actuelle, toutes deux en parallèles avec Paranormal Activity. La première vient de ce dernier qui mis le sous-genre found footage (grâce à sa seconde vie, orchestrée par Cloverfield & [REC]) sur le devant de la scène. Si le premier volet de cette saga se regarde et s'apprécie comme un plaisir coupable, la suite n'est que "footage" de gueule (merci le dico des blagues sur le cinéma !). Et grâce au succès énormissime et incompréhensible de cette saga, les suites s'enchaînent et les déclinaisons aussi (Apollo 18, The Last Exorcism, Devil Inside ou en DTV Atrocious & Grave Encounters entre autres). Les producteurs vont s’évertuer à épuiser la recette comme le Torture Porn et sa saga emblématique Saw.
La seconde tendance provient du réalisateur de ce dernier film, James Wan, à l'origine d'Insidious. Ce film correct à l'ambiance pesante, mais non dénué de défauts, a su, grâce à son succès commercial, redonner ses lettres de noblesses au thème de la maison hantée par des démons. Pas étonnant que Sinister ne soit que le premier suiveur de cette pas-vraiment nouvelle tendance.

Maintenant que j'ai mis en place le contexte et présenté mon regard sur le genre aujourd'hui, place au film !
Sinister est un film correct qui ne prend pas le spectateur pour un con (enfin moins que toutes ces déclinaisons du found footage). A vrai dire, il tranche radicalement avec ses opposants grâce à une trame narrative bien différente de ce qu'on a pu déjà voir auparavant. Tout d'abord, l'idée de suivre un anti-héros est brillante. Enfin, l'interprète principal n'est pas un citoyen lambda qu'on est obligé d'apprécier, ici chacun sera juge de l'apprécier ou non. Ethan Hawke est plutôt bon dans ce rôle. Il maîtrise son personnage d’égoïste, à la recherche de la gloire perdue et en quête d'un nouveau best-seller au détriment de sa famille. Cette dernière paraît malheureusement très (trop) secondaire par rapport à son interprète principal, ce qui est dommage puisqu'ils ont tout autant leur importance dans le film. Pour preuve, la petite fille que l'on voit dessiner sur le mur dans la bande-annonce, c'est concrètement la séquence où on la voit le plus dans le film et autant dire qu'on la voit seulement dans la seconde partie, quand tout commence à se démêler. Pareil pour son frangin, qui s'il est exploité de par ses crises effrayantes, ne vaut pas plus le détour dans le reste du film. Et sa femme n'est juste que son opposée et cherche en vain à retrouver l'homme qu'elle a épousé. C'est mignon tout ça, mais quand est-ce qu'on sursaute ?

Vous avez frissonné pendant la bande-annonce ? Remémorez-vous ce sentiment car seuls 2-3 nouveaux frissons vous parcourront le corps pendant le film. En fait, on ne va pas voir Sinister dans le but de sursauter comme avec [REC]. Ici le film s'apprécie comme un bon petit film de genre où seule l'ambiance vaut le détour. La bande-son stridente mettra mal à l'aise tandis que parcourir la maison dans la nuit vous crispera. Les séquences vidéos Super 8 valent le détour et on regarde avec beaucoup de remords ces séquences d’exécution en found footage mais parfaitement maîtrisé d'un point de vue amateur. Là où on fera le rapprochement avec Insidious, c'est que le traitement narratif est le même. On recherche la cause d’évènements inexpliqués et on découvre la présence d'un démon qui ne s'intéresse qu'aux enfants. De même, si dans Insidious, c'était une équipe de geek qui débarquait dans la maison pour découvrir par eux-même ces phénomènes, ici on a la présence d'un flic demeuré dont les réactions nous laisseront neutre ("Quoi des bruits de pas lourds dans le grenier ? Oui, ça doit être des écureuils"). L'enquête réalisé par Ethan Hawke prend du temps mais ne laisse pas impassible, on cherche comme lui à comprendre la présence de ce démon dans la maison. La dernière partie du film vous tiendra bien en haleine et la révélation finale ne vous fera pas regretter une première partie légèrement en longueur.

Ah mais attendez !! Laissez moi relire l'affiche : "Par le producteur de Paranormal Activity et Insidious". Ah ben oui, maintenant on comprend mieux pourquoi j'ai interprété le film de cette manière. D'où le titre de cette chronique, le film rappellera principalement Insidious pour l'ambiance macabre sorti de l'au delà mais aussi Paranormal Activity pour les séquences Super 8 en found footage. Confirmation que ces deux tendances ne sont pas prêt de s’essouffler.
Pour le reste, Sinister reste un film appréciable, qui ne marquera pas les esprits du genre mais qui est suffisamment bon pour passer un bon moment. Après, si c'est de l'ambiance que vous recherchez, tournez-vous vers La Dame en Noir, macabrement hypnotisant.
Softon
6
Écrit par

Créée

le 16 nov. 2012

Modifiée

le 16 nov. 2012

Critique lue 622 fois

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Kévin List

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