Il faudrait exporter ce concept au Brésil, ça marcherait du tonnerre

Le problème de ce monstre, c'est sa mythologie : elle est tellement pauvre que forcément ça limite pour monter un film. Ou alors il faudrait se concentrer sur l'aspect survival uniquement, sans digresser, mais même là, c'est trop vague.


Cela commence pas trop mal : j'aime la façon dont les personnages interagissent : ce n'est pas réaliste, mais on s'en fout, il y a quelque chose de poétique dans cette représentation des gosses qui vivent au jour le jour, on évite même certains clichés (la manière dont les filles abordent le groupe des garçons et la soirée entre elles sont deux moments sympas). Malheureusement, dès la vidéo sur le net, ça ne prend pas. Pourtant le principe est similaire à celui de The Ring. Mais la différence est que le fantastique émerge de la vidéo alors qu'ici on a droit à un effet de montage où on ne peut s'empêcher de dire que c'est quelqu'un qui a filmé et posté la vidéo. Dès son entrée en matière, le film échoue à installer un climat convaincant.


Passé ce délais, c'est toujours plus difficile d'y croire étant donné que cette créature agit selon le bon vouloir des auteurs, sans réelles règles préétablies. Sans règles, pas moyen de lui échapper, le monstre fait ce qu'il veut, que ce soit agir sous forme d'ombre, utiliser des branches d'arbres pour saisir ses victimes, engager un cameraman invisible (sans doute celui qui fait les caméras cachées pour TF1) ou bien apparaître de nulle part pour les étrangler mais en fait quand on regarde dans un miroir on se rend compte que c'est la victime qui s'auto-étrangle, ce qui sous-entendrait que ces jeunes ont simplement des hallucinations qu'ils ont été hypnotisés, mais en fait non puisqu'ils disparaissent vraiment et à la fin on se rend même compte qu'ils deviennent des arbres (ha ben on a trouvé la solution contre la déforestation alors !?). Comment prendre peur dans de telles conditions ? Comment croire en une possible réussite ? Enfin non, le probmlème n'est pas de croire en une éventuelle réussite, l'auteur peut très bien, dans un tel contexte, nous sortir une explication foireuse, un p'tit deus ex machina... il ne reste donc au spectateur qu'à subir l'écriture, sans réelle possibilité de s'investir, de chercher une solution avec les personnages.


Je suis surpris du déroulement de l'action aussi : Slender Man est un type qui ne lâche pas sa proie, qui apparaît de nulle part et poursuit sa victime à son rythme il me semble. Pourtant il n'y a pas beaucoup de fuites, pas beaucoup de poursuites, les ado sont soit figés de peur, soit résolus à être pris ; parfois ils tentent le suicide mais bon. Les interactions entre personnages ne sont pas inintéressantes, l'évolution de l'amitié est bien trouvée mais pas assez exploitée (quitte à digresser). L'idée de voir le Slender Man comme un virus informatique me laisse mitigé ; c'est-à-dire que personne n'a peur d'un virus informatique, sauf quand on était en train de se branler sur un porno mainstream et qu'une fenêtre surgit de nulle part, avec un bruit de sirène et un message indiquant que nous sommes accusés par la police d'avoir regardé un porno pédophile, mais c'est pas le même genre de peur quand même. De plus, l'univers informatique est assez peu exploité : ça n'ira pas plus loin que la vidéo prise au téléphone et les forums sur internet. En plus ça a l'air facile de trouver LE forum consacré au SM malgré son buzz, ce qui donne l'impression que les auteurs ne sont pas trop au courant de ce qu'il se passe sur la toile. Ni du fait que les ado qui ne sont pas en option info aujourd'hui sont pour la majorité assez nul pour manipuler la machine malgré ce que l'on pourrait penser et qu'en plus ils s'en foutent un peu, ils veulent juste regarder du streaming et poster des photos de leur vie privée.


La mise en scène n'est pas vilaine dans un premier temps : des images soignées, bourrées d'effet de style dès le début, mais avec une colorimétrie assez terne. C'est jolie et le réal n'en fait pas trop. Jusqu'à la vidéo. Dès lors le réalisateur accumule les mauvaises idées pour tenter de provoquer le frisson : montage subliminal, accélérés numériques et autres CGI bien pourraves et bien cheap. La caméra n'est même pas forcément bien située : soit l'angle est trop évident pour ce qui doit surgir après par surprise, soit c'est juste frontal ; il n'y a aucun effort de suggestion, aucun effort de discrétion, il faut envoyer le paquet. Et c'est contradictoire dans le sens où c'est un film où on ne voit pratiquement rien de l'action ni même de l'horreur. Et l'ambiance a forcément du mal à prendre en haleine le spectateur pour tous les défauts pré-cités.


Reste des actrices convaincantes mais surtout mignonnes. Ces 5 donzelles sont vraiment canons et j'espère les revoir régulièrement dans d'autres films.


Bref, c'est chiant à regarder.

Fatpooper
3
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le 23 oct. 2018

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Fatpooper

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