S'attaquer à ce film juste après avoir vu celui de Tarkovski me semblait être chose risquée. On peut d'ailleurs se questionner sur l’utilité de ce remake surtout quand on voit que la première version est encensée jusqu'à aujourd'hui par la plupart des cinéphiles (à juste titre sans doute, même si j'ai des petites réserves).
Démarche mercantile? Vraie volonté de rendre l'histoire accessible à ceux que les mots "vieux film" répugnent (des gens comme ça j'en connais pas mal)? Qui sait?
En tout cas cette version a des qualités à faire valoir et le fait d'avoir vu la version Tarkovski n’empêche en rien d'aimer celle-ci. Ce Solaris du nouveau siècle a le mérite de ne pas essayer de marcher sur les plates-bandes de son aîné; oui, les deux partagent la même histoire mais ils sont vraiment différents. Out la lente contemplation et les longs dialogues; oui, ce film est plus court et ce n'est pas forcément plus mal.
Le Solaris de Soderbergh est définitivement différent, c'est une romance. Celui de Tarkovski, aussi brillant soit-il, entretenait une certaine distanciation entre moi et les personnages. Peut-être était-ce voulu, peut-être ne l’était-ce pas, en tout cas c'est mon ressenti.
Ici, l'accent est mis sur les sentiments, l'empathie est de mise. Les flash-backs, la musique (magnifique), tout semble aller dans ce sens. La station aux lumières bleutées est un cocon d'abord mystérieux puis réconfortant. On ne peut que ressentir de la tendresse envers Chris (un George Clooney assez sobre mais efficace), prisonnier de son état.
Des questions il y en aura, mais pas question d'y répondre; il n'y a qu'à se laisser submerger par l'émotion.
La fin, bien que semblable à celle du premier, est plus évocatrice et valide la direction prise par le film: infiniment mélancolique.