Solo : A Star Wars Story est un film de science-fiction sorti en 2018, réalisé par Ron Howard (en remplacement de Phil Lord et Chris Miller, réalisateurs éconduits par la production). Le film nous propose de suivre la genèse de Han Solo (interprété par Alden Ehrenreich). Débutant comme petite frappe dans une mafia, le contrebandier s’échappe de sa planète d’origine, en abandonnant sa compagne Qi’ra (Emilia Clarke). Après trois années dans l’armée impériale, Han rejoint un groupe de contrebandier afin de réaliser un casse.


Soyons clairs : ce film ne peut pas être qualifié de mauvais, pour la même raison qu’il ne peut être qualifié de bon. Ce film est au service minimum. Un manque d’efforts dans chacun de ses aspects se fait cruellement sentir, résultant en une aventure insipide et manquant de personnalité. On peut lui reconnaitre des moments de bravoures, des choix au potentiel évident mais guère plus.


Commençons par le point le plus évident : les lumières. Solo, à l’instar de Rogue One, fait le choix des lumières naturelles. Néanmoins, la gestion de ces éclairages a été mal pensée, résultant en une obscurité rendant les scènes difficiles à lire. Un problème renforcé par le montage, dont certains changements d’axe de caméra offrent des moments de pure confusion. Toutefois pendant la majorité du film, il fait le travail et parvient à être lisible.


Les scènes d’action, pourtant l’intérêt principal du long-métrage, semble traîner en longueur, la faute à un manque de dynamisme ou des enjeux mal posés. Par exemple, dans sa volonté de débuter par de l’action, la première séquence sur la planète natale d’Han ne présente pas la relation du héros avec Qi’ra ou les relations de la pègre locale et de l’empire. Ces présentations doivent être réalisées sur le tas, via des dialogues entachant le rythme des scènes. Bien que ça fasse le taf, je me suis personnellement dit à trop de reprises : « c’est bon, j’ai l’idée, même si c’est mal présenté ». S’ajoute à ce problème un manque de chorégraphie des scènes d’actions. Les grandes scènes de fusillade voient les héros se tenir comme des plots en terrain découvert et, miraculeusement, abattre tout le monde alors que les tirs ennemis les évitent. Ultimement, il se dégage de la réalisation une impression de « petitesse », comme si l’on se trouvait face à un téléfilm glorifié. Pour moi, il s’agit du véritable point noir de ce film. Après tout, c’est « Star Wars ». Nous parlons d’une franchise qui a toujours tenu (avec plus ou moins de succès), sa promesse de grand spectacle. Chacun accordera la valeur qu’il veut à cette plus-value, néanmoins, elle était présente dans les précédents opus et son manque se fait cruellement ressentir.


Certaines des inspirations sont les bienvenues, ajoutant une maigre consolation à ce spectacle sans grandiose. L’ambiance « première guerre mondiale » du camp de l’empire, après l’ellipse de trois ans, ainsi qu’une inspiration du Western sur certains plans sont appréciables. Enfin, le passage du légendaire « Kessel Run » contient des visuels intéressants (rappelons toutefois, comme Asimov l’avait signalé à Lucas à l’époque, que le parsec n’est pas une mesure de temps mais de distance). Toutefois, peu importe l’imagerie, quand le script ne suit pas, dur de faire un bon film.


Encore une fois, le service minimum est de vigueur. Plutôt que de présenter ou d’explorer des relations, le film se contente d’une ligne de dialogue, vite jetée par-dessus les conversations. Le portrait des personnages est dressé à la va-vite, une ou deux caractéristiques les définissant pour laisser place à l’action. Le tout conduisant à un plotwist où, attention, ne tombez pas de vos chaises, les héros apprennent que le méchant syndicat du crime est très méchant. L’entièreté du climax dépendant de ce plotwist, on comprendra facilement mon extrême déception durant cette séquence, qui souffre également des problèmes susmentionnés. Les set-ups des retournements sont évidents, amenant à une intrigue en ligne droite et aisée à deviner.


Enfin, gros point noir de l’écriture : la promesse de la genèse d’Han Solo. Des points importants ne sont pas traités (pourquoi Han veut-il devenir pilote ? Pourquoi est-il si habile au pilotage ? Pourquoi tire-t-il aussi bien ?) et les points traités sont décevants (l’origine du nom de Han, l’origine de son blaster iconique, sa relation à Lando…). La progression du personnage est dissimulée sous les péripéties, à tel point qu’elle devient trop ténue. Le film a également une tendance aux clins d’œil aux fans, appuyés grossièrement. Ainsi, le plan sur le blaster est trop long et se voit accompagné du thème traditionnel de Star Wars. Autre exemple, l’apparition d’un personnage de la prélogie, dont on appuie bien que c’est lui, là, on vous le jure, regardez, on insiste. Le fan-service dessert le film, tant il est amené avec des sabots.


Point positif surnageant cette marre sans saveur, les acteurs font un bon travail. Si l’on peut reprocher certains mimétismes poussifs à Ehrenreich, il reproduit correctement certaines poses et gestes d’Han Solo et on croit sans difficulté qu’il s’agit bien du contrebandier. Emilia Clark et Woody Harrelson font du mieux qu’ils peuvent avec ce qu’on leur donne et, ultimement, arrivent à fournir une prestation correcte. Donald Glover est celui au meilleur jeu, vendant parfaitement un Lando dandy et flamboyant, malgré que le scénario en fasse un personnage trop secondaire.


Pour conclure, Solo : A Star Wars Story est, au mieux, un film passable. Il n’a rien pour le distinguer, en bon ou en mauvais. En résulte un visionnage en EEG plat, où des images défilent sans que le spectateur ne s’investisse dans ce qui lui est raconté.

Fatuite
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le 31 oct. 2019

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