Ingmar Bergman que je découvre petit à petit prend plaisir à disséquer en profondeur les rapports humains, ses contradictions, ses douleurs et ses non-dits.
Dans SONATE D'AUTOMNE, il étudie le rapport mère/fille. Eva invite sa mère, Charlotte, grande pianiste sur le déclin, à s'installer chez elle au moins pour quelques temps. Mais dès le premier jour et plus particulière la première nuit, la réalité de leurs rapports familiaux va être dévoilée. L'inavouable, ce que l'on retient depuis des années parfois, va surgir et mettre face aux personnages la réalité de leurs personnalités et les conséquences de leurs actes. En dépit de l'atmosphère chaleureuse de la campagne suédoise, il se dégage une âpreté réaliste de ces cœurs broyés par la vie. L'impact de l'imperfection humaine rend l'humain cruel malgré lui, tant par ses actes aux conséquences invisibles mais bien concrètes que par la vérité dévoilée au détour de mots difficiles à entendre.
Toujours sur le fil, au bord du gouffre, ce mélodrame ne tombe pas au moyen de dialogues ciselés, pleins de nuances, pour au finale proposer une vraie leçon de cinéma. Des cadres magnifiques, une mise en scène collée aux visages et un montage très fin feront naitre des émotions fortes au détour d'une leçon de piano et d'une nuit d'insomnie. Il n'en serait pas de tel sans ses deux grandes actrices, Liv Ullmann et Ingrid Bergman, d'un naturel impressionnant. L'une vit ses émotions, ses sentiments, n'en a pas honte et les expose; l'autre est incapable de les exprimer ou de les comprendre. Et même si elle comprend une partition et les émotions qui s'en dégage, elle ne connait pas l'humanité.
Maîtrisé et exécuté avec soin, le réalisateur suédois parvient à saisir le spectateur à la gorge avec cette œuvre, certes pessimiste sur les rapports humains, mais où le pardon se dessinera au détour d'une lettre magnifique, pleine d'abnégation.