Trois ans après quelques apparitions dans des films négligeables, et six ans après Dumb & Dumber 2, durant quelques années difficiles de dépression, revoilà notre homme caoutchouc au visage élastique & grimaçant, qui refait surface dans un rôle comique. Et dans quel film ? Le hérisson iconique de notre enfance, la mascotte de Séga. Quel choix judicieux !


Tous les ingrédients sont réunis pour faire de cette fiction une oeuvre culte, intemporelle et hilarante avec les facéties rocambolesques de notre clown fétiche.
Malheureusement, la mayonnaise ne prend pas, du moins pas autant qu'on l'espérait.
La genèse, tout le monde la connaît : les graphistes ont un peu déféqué dans la colle en pondant un design proche d'un kigurumi grotesque soldé chez Wish à 9 $, pas effrayant au point de faire cauchemarder les mioches, mais pas ressemblant à l'emblématique Sonic.
Retardant la sortie du film de plusieurs mois et allongeant la dette des studios pour tout recréer de A à Z, on pouvait donc s'attendre à quelque chose qui tienne la route avec un délai supplémentaire pour gommer d'éventuelles imperfections.


Le film n'est ni bon, ni mauvais, il reste même un divertissement assez agréable à regarder.
Néanmoins, plusieurs facteurs ne collent pas et une trame essentielle n'est pas respectée.
Lorsque j'invite mon meilleur ami à manger, je mets les petits plats dans les grands. Là où je ne prend que l'essentiel vital le reste de l'année sans soin pour subsister, je n'hésite pas à mettre la main à la poche pour qu'il passe un moment mémorable et qu'il soit rassasié avec des mets originaux & raffinés.
Si au milieu du repas, je lui caresse le cuir chevelu (qu'il a particulièrement développé) tout en lui parlant comme un chien en lui donnant de la pâtée pour chat, il y a un problème.
C'est un peu ce qui se passe dans ce film : Sonic est traité comme un petit animal de compagnie chétif à protéger.
Or Sonic est tout l'inverse : c'est un héros légendaire à la vitesse supersonique (d'où son blase Sherlock), qui protège le monde et sauve la planète.
Un des ingrédients les plus captivants (car le film en fourmille, ils sont néanmoins mal exploités), c'est que Jim Carrey en jouissif Robotnik se saisit d'un poil fluorescent du hérisson pour hériter lui aussi de cette vitesse incroyable et ainsi avoir une chance de rattraper sa proie dont il se fait un devoir d'éradiquer.
Mais on n'y croit pas une seconde quand le hérisson apeuré se saisit d'anneaux pour changer de monde dès qu'il est en danger, comme s'il était incapable de se défendre ! Certes son arme est de prendre ses jambes à son coup pour fuir, mais il n'est pas l'emblème d'un jeu vidéo sans raison !


Ce film s'adresse davantage aux enfants, hormis les scènes intergénérationnelles de Jim qui font mouche, on est exclu d'emblée. Même si Sonic est le fruit de nos années d'enfance, il se trouve que nous avons grandi et souhaitons voir un film qui parle au plus grand nombre et pas juste à des personnes susceptibles d'acheter tout un merchandising derrière bâti sur la mignonnerie du hérisson en peluche ne cessant de brailler durant tout le long-métrage : "achète ma merde, je suis trognon".
Moi-même je le trouve charismatique et serai tenté par une petite figurine pour cautionner toute cette partie de mon enfance à y jouer, mais cela a encore une connotation trop geek.


Cela fait tellement plaisir nonobstant de voir un Jim Carrey empochant au passage un tiers du budjet du film, soit 15 millions de dollars, dans un rôle d'ordure machiavélique hyper sophistiquée ne jurant que par les machines, même s'il réside des lourdeurs dans sa supériorité en ridiculisant certains humains comme les chefs d'armée.
La fin laisse présager un second opus qui ne pourrait pas être pire dans une trame scénaristique quasi inexistante malgré quelques virages trépidants de course exaltante, d'effets spéciaux tordants, et de gags de haute voltige, Jim reste le maître de l'humour et certaines de ces pitreries ne manquent pas leur cible. Mais une sur trois ne justifie pas un chef d'oeuvre, ou même un film sans prétention mais réussit de bout en bout.


Sonic aurait eu une voix de doublage honorable, cela aurait redoré son blason car il a une voix à l'image de son rôle : pas très sûr de lui, il ne peut même plus courir dès sa rencontre avec l'humain qui va l'aider sans son périple.
Il faut donc resituer le contexte dans un autre monde que le nôtre car il est bien de notre ère et personne ne connaît la Séga ni les jeux de Sonic, cela pouvait présenter un bon point de départ pour la naissance du mythe et la justification de l'aversion de Robotnik envers Sonic.


Pour conclure, ce film se regarde mais ne se retient pas. D'autant qu'on l'attendait impatiemment, le hérisson et le retour de Jim, mais pas à la hauteur de nos espérances, comme tout film trop attendu, on tombe vite de son siège, mais pas de la façon escomptée.
A espérer si un second volet point, que l'âme des personnages sera mieux pris en compte et un scénario mieux ficelé qui s'adresse au cercle familial sans exclure dès le départ.
Sinon, ce film fera déguerpir les spectateurs à la vitesse de la lumière.

SebRendly
7
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le 29 mai 2020

Critique lue 225 fois

Seb Rendly

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