Je connaissais déjà un peu le livre de Bernanos (je le possède et j'en ai lu quelques extraits) et la première chose que je peux dire de ce film c'est qu'il transmet incroyablement bien l'ambiance et l'atmosphère qui dégage du bouquin. Une ambiance froide, austère, comme on peut le ressentir dans une campagne française en plein hiver, un village presque mort, qui tourne autour de la vie religieuse. Le film se montre assez angoissant par moment, l'absence de musique, la scène de la rencontre avec Satan (?) et le tragique dialogue qui s'en suit.
Clairement, le film offre ce qu'il promet, en terme de mise en scène et de dialogue. On y trouve alors un Gérard Depardieu incroyable, interprétant un abbé obsédé par le péché, rongé par un extrême ascétisme, doutant de ses convictions et de son existence. Je n'imaginais pas l'abbé Donissan autrement lorsque je lisais le livre. Depardieu est décidément un grand acteur, il le prouvera évidemment tout le long de sa carrière mais nul doute que cette interprétation est l'une de ses meilleures.
Un compliment que je ne donnerais cependant pas à Sandrine Bonnaire, qui interprète le rôle de Mouchette assez maladroitement, un jeu inspiré théâtralement mais sans relief, elle mâchouille parfois ses mots ce qui ne la rend pas compréhensible par moment, son regard exagérément vide (car Mouchette est une jeune fille paumée), c'est dommage car elle avait largement le charisme pour interpréter un tel rôle. Je ne connais que très peu l'actrice donc je ne sais pas si elle joue plus ou moins de la même manière, mais ici ça ne colle clairement pas.
On seras également surpris de voir dans le rôle d'un autre abbé, Maurice Pialat lui-même, incroyablement juste et qui joue presque aussi bien que Depardieu (le côté théâtral en moins, Pialat est très vrai dans son jeu), c'est un véritable plaisir de le voir à l'écran.
Sous le soleil de Satan est un film incroyablement spirituel, dérangeant sur la forme et dans l'atmosphère, clairement, la présence du Diable qui rôde se fait sentir, à l'orée d'un Dieu moqueur qui semble se jouer de son fidèle. Le mysticisme affirmé du film est vraiment un plaisir cinéphile. Un vrai choc.
Ce film fait d'ailleurs écho à un autre film sortit la même année je crois, de Andrei Tarkovski : Offret, dont la religiosité n'était pas totalement affirmée dans le film, mais qui questionnait un peu de la même manière le rapport à la foi (mais pas sous le même angle, le film de Tarkovski se laissant aller à des séquences psychédéliques là où Pialat se contente de plans fixes et froids).