J'avais bien aimé Spider-Man : Homecoming à sa sortie, il y a deux ans; la hype de mieux voir le sympathique Tom Holland en costume devait jouer pour beaucoup dans mon analyse finale, pas bien objective non plus. De là à passer de 8 à 4, il semblerait qu'un monde se soit écroulé entre temps sous le pouvoir ahurissant de Thanos, qu'une révolution cinématographique soit survenue, que j'ai tout simplement changé de goûts en découvrant des films largement meilleurs faits il y a bien plus longtemps et avec moins de budget.


Sur l'adolescence notamment, les quêtes initiatiques, la manière d'aborder les thématiques de père de substitution et d'héritage familial; disons, pour rester correct, que James Gray fit beaucoup mieux en 5 minutes d'Ad Astra que Jon Watts avec tout son Homecoming. C'est pourtant paradoxal : la manière adoptée pour montrer les rapports entre ados au lycée fonctionne très bien, conduisant ce premier film solo Spider-Man Disney à profiter d'un ton plus intime, personnel, finalement proche du spectateur, chose que n'avaient pas réussi à accomplir les The Amazing, oeuvres trop spectaculaires et menées par un beau gosse intouchable qu'on reconnaissait difficilement comme geek persécuté (il sortait en même temps avec Emma Stone dès le premier film, et était campé par le cliché de beauté d'une génération d'ado, Andrew Garfield en mode skatteur).


On retrouve de cela avec Tom Holland, cliché différent du beau gosse populaire; il y a pourtant dans son jeu cette part de fragilité enfantine, de naïveté mignonne qui fait qu'on aime autant le suivre en Peter Parker qu'en homme araignée, et que les deux font si bien la paire. Non pas qu'il soit aussi marquant que Maguire (encore que mon amour pour lui doit tenir du souvenir d'enfance) ou Downey Jr en Iron Man (figure importante de l'oeuvre), mais il s'impose déjà, à son jeune âge, comme un acteur agréable que l'on suivra pour encore des années, nouvelle figure d'évolution de vie qu'on n'avait pas retrouvée depuis la fin dramatique de la saga Harry Potter.


C'est un excellent choix de casting dans la durée et il le rend très bien à l'écran, embellissant les relations entretenues avec les autres personnages à l'exception d'un Flash Thompson absolument désastreux et grotesque, plus proche des parodies avec Jonah Hill que de l'univers de Steve Ditko et Stan Lee. L'on retiendra à côté de cela un Jacob Batalon efficace en comic releef (loin des excès poussifs d'Ant-Man) accompagné d'une Zendaya à la personnalité attachante et au charme dévastateur.


Seul Keaton déçoit au revisionnage, lui qui semblait si juste la première fois. Il nous livre en fait une performance légèrement supérieure à celle qu'il nous avait partagé avec le décevant mais sympathique Robocop de José Padilha, jamais trop investi jamais trop je-m'en-foutiste. Son personnage, pourtant peu manichéen, n'est jamais trop intéressant non plus, et se range du côté des bons antagonistes du MCU sans jamais arriver à la hauteur des antagonistes de Black Panther ou Les Gardiens de la Galaxie, tous très bien fouillés.


Ce casting imparfait est à l'image du film, en demi-teinte : inspiré d'un côté quand il est horriblement vide de l'autre, Spider-Man : Homecoming nous propose de jolies séquences de rapports amicaux/amoureux entre personnages, de quoi ramener un soupçon d'humanité à un MCU parti du côté des spectacles à grande échelle, quand il va rater la plupart des scènes présentant plus en profondeur ce Spider-Man prometteur.


Qu'on ne ressente pas la voltige gêne certainement moins que le rythme charcuté du montage de nombreuses séquences uniquement reposées dessus pour le rythme, Watts se montrant souvent incapable de rendre son action intéressante et lisible. L'ultime combat entre Spidey et le Vautour en est le parfait exemple, mal filmé, jamais impressionnant du fait qu'il est majoritairement illisible. Dommage que le moment de gloire du MCU dans le film, soit le combat ultra-spectaculaire arrivé en fin d'expérience, s'avère incompréhensible et bâclé.


Cela traduit le principal problème d'avoir embauché Watts pour tourner un film basé sur le mouvement et la rapidité : beaucoup plus à l'aise sur ses passages de dialogues mignons interprétés de manière charmante, il a l'air perdu quand l'intrigue requiert une action à grand spectacle (pour vous dire, la scène du Ferry, survendue dans les bande-annonces et bourrée de CGI à vous en faire craquer la rétine, n'atteint pas le quart du spectaculaire de celle du train dans Spider-Man 2) et foire donc la partie Spidey de Peter, réussissant par contre honnêtement le développement des thématiques du lycée, des amours et des amitiés.


Un film sympathique qui change un peu dans le sens où il remet au goût du jour un type de divertissement plus modeste, humain, moins dans le bourrin et l'ultra-spectaculaire. Pas révolutionnaire non plus, Spider-Man : Homecoming signe un début de carrière solo divertissante pour Tom Holland, principale qualité d'une oeuvre malheureusement froide, visuellement superficielle et banale, que l'on considérera principalement pour ses séquences de lycée propices à la nostalgie et aux souvenirs.


Agréable, un divertissement qu'on oublie rapidement.

FloBerne

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