M. Night Shyamalan est un passionné, un gars qui déborde d'idées et doté d'une certaine science de la mise en scène, du suspense et du twist. A ce titre, on garde toujours un œil plus ou moins attentif sur ses projets. Il faut dire qu'avec lui, on ne sait jamais à quoi s'attendre. Si on continue de grimacer en pensant à "Phénomènes", "Le Dernier Maître de l'Air" ou encore "La Jeune Fille de l'Eau", on ne saurait en revanche oublier les impeccables "Signes", "Le Village" ou plus récemment, le crispant "The Visit".
Ne restait plus qu'à espérer que "Split" vienne rejoindre cette seconde catégorie.
Ce dernier se déroule à Philadelphie, ville si chère à Shyamalan. Il suit un certain Kevin, personnage souffrant d'un trouble dissociatif de l'identité particulièrement prononcé. Ainsi, pas moins de deux douzaines de personnalités différentes se manifestent chez lui par intermittence.
Supposé être guéri, du moins ne pas représenter de danger pour la société, il a trouvé un travail tout en continuant à être suivi par le docteur Fletcher.
Sauf qu'un beau jour, cette stabilité de façade laisse place à une part bien plus sombre de la personnalité de Kevin, ou plus exactement, de l'une de ses personnalités, lorsqu'il enlève puis séquestre trois jeunes femmes.
Partiellement inspiré de l'histoire de Billy Milligan dans les années 70, qui présentait un trouble plus ou moins comparable, le scénario développé par Shyamalan, à défaut d'être réellement original, est assez intéressant. Il cherche notamment à montrer dans quelle mesure le cerveau peut influencer la biologie d'un homme. Ainsi, certaines personnalités présentes dans l'esprit de Kevin ont leurs propres caractéristiques physiques (défaut d'élocution, problème de vue, force surhumaine....).
C'est donc au gré des "switch" de personnalité qui s'opèrent que l'on suit les malheurs des trois demoiselles, qui en plus d'être apeurées, doivent s’accommoder des changements d'interlocuteurs qui leur sont imposés.
Si malgré ses deux heures, "Split" n'ennuie jamais vraiment, il n'est malheureusement pas toujours passionnant pour autant. Le film peine un peu à décoller, et à vrai dire, la tension espérée, que Shyamalan magnait si bien dans "The Visit", ne s'installe jamais vraiment ici. La faute, en partie au moins, à un James McAvoy qu'on aurait aimé plus dérangeant (et surjouant moins), mais également à une mise en scène et à des musiques relativement quelconques.
Les autres personnages, finalement peu nombreux, peinent à convaincre également, à l'instar du Docteur Fletcher, plutôt caricaturale, ainsi qu'aux jeunes captives, dont deux sont vite mises de côté, pour laisser la part belle à la jolie Anya Taylor-Joy -dont le personnage est le seul à être vraiment creusé- qui, elle, s'en sort honorablement
De même, la fin, même si elle a le mérite de laisser quelques questions en suspend, de s'offrir un clin d’œil sympathique et d'ouvrir d'éventuelles perspectives pour une suite, ressemble quand même pas mal à un pétard mouillé.
Avec "Split", M. Night Shyamalan nous offre un divertissement correct. Un moindre mal quand on sait de quoi le réalisateur américain est capable. Mais le film peine tout de même à surprendre et à instaurer une atmosphère réellement oppressante. On reprochera ainsi à l'ensemble d'être un peu trop propre, sur le fond comme sur la forme.
Du Shyamalan dans la moyenne, mais sans plus.