"Celui qui sait parler sait aussi quand il faut le faire" comme disait Plutarque.

Après plus d'un mois sans avoir mis les pieds dans une salle obscure, c'est avec Spotlight que j'entame cette nouvelle année cinématographique, et autant le dire tout de suite, la barre a été placée haut (comme en témoigne l'annotation "coup de cœur" !)


Au milieu de la multitude de films qui sort chaque année, il existe quelques productions à l'image de Spotlight, des pépites brutes, souvent simples et pas forcément très médiatisées, qui vous font l'effet d'un coup de poing dans le ventre pour ne pas dire d'une grande claque dans la figure.
Ce sont ces films qui n'ont pas eu envie de miser sur les techniques de réalisation, sur les prouesses visuelles, sur la beauté de l'image, sur la virtuosité du compositeur de la B.O ou que sais-je encore ; mais plutôt sur le scénario, sur l'histoire raconté au spectateur, sur le message qu'il faut envoyer à ce dernier.


Le casting plutôt réputé (avec notamment le grand Michael Keaton, le dernièrement immense et vert Mark Ruffalo et la très jolie Rachel McAdams) laissait imaginer une grosse production américaine, avec des scènes d'actions à tout va, des grandes révélations et finalement une fin traditionnelle, sans surprise. C'est en réalité tout l'inverse.
S'il n'y avait pas eu ledit casting cité au-dessus, on aurait facilement cru à un film indépendant, sans budget, voire même un (bon tout de même) téléfilm. Les scènes sont filmées simplement, lentement, il n'y a rien qui relève particulièrement l'attention, qu'il s'agisse des décors, de la musique, du déroulement de l'intrigue ; rien qui ne pourrait détourner de l'objet d'attention principal : l'histoire, les faits, l'enquête.


Nous sommes plongés dans le bureau de Spotlight ; un département d'enquête appartenant au journal Boston Globe , concurrent du New-York Times. Le nouveau rédacteur en chef, Marty Baron, demande à son équipe de journalistes d'enquêter sur une affaire de pédophilie mêlant des membres du clergé de la ville. De nombreuses fois, des billets ont été publiés dans divers quotidiens de l'Etat mais à chaque fois, aucune suite n'a été donnée, ni médiatiquement, ni juridiquement parlant.
Les journalistes se mettent alors à la recherche de preuves, de témoignages, d'indices quelconques qui pourraient les aider à terminer leur article mais ils se rendent très vite compte que cette affaire dépasse de très loin ce qu'ils avaient imaginé et qu'il est bien plus compliqué que prévu de connaître la vérité.
Je n'en dirai pas plus concernant l'intrigue afin de ne dévoiler aucun élément important mais je dirai seulement que la suite vaut le coup (donc allez le voir !)


Le début est un peu long, l'intrigue met du temps à se lancer, les personnages à être présentés et l'on comprend rapidement qu'il ne s'agira pas de l'un de ces films qui donnent le tournis rien qu'à la vue du nombre de scènes qui se succèdent. Le spectateur suit le déroulement de l'enquête petit à petit, étape par étape, exactement comme le font les journalistes qui avancent lentement mais sûrement dans leurs investigations. La caméra se concentre sur leurs visages, sur celles des différents témoins, des personnages, pour mieux capter leurs émotions et nous les transmettre. On se sent touché à vif par ces révélations faites si proches de la caméra, par les réactions des journalistes ; on a l'impression d'être là, avec eux.
Avec eux pour découvrir l'horreur, la honte, la manipulation, la corruption.
L'une des raisons pour lesquelles je fais de ce film un coup de coeur est la surprise que j'ai eu en découvrant que pour une fois, une production américaine avait réussi à traiter du thème de la religion sans tomber dans l'abracadabrantesque ou pire, dans le cliché.
Le sujet est délicat, osé, surprenant : une tragique histoire de pédophilie cléricale, cautionnée sinon ignorée par toutes les institutions. Dès le début, le spectateur est fixé : "Basé sur des faits réels" ; un message qui reste tout au long du film dans un coin de notre tête, qui rend la révélation des faits d'autant plus douloureuse et scandaleuse. La longue liste à la fin du film porte d'ailleurs à son paroxysme le sentiment de dégoût que l'on avait senti monter au fur et à mesure. Et c'est en ça que le film est réussi, par la facilité qu'il a à faire passer les émotions, brutes.


Pour résumé, je dirai que l'on sort du film content d'avoir vu une telle production, mais désolé de sa triste réalité.

JustineWind
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le 29 janv. 2016

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Justine Wind

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