Toujours très cathartique ce genre de film : on est avec les gentils reporters qui luttent pour faire éclater un (énième) scandale face à la méchante Église catholique. Niveau armes, les uns ont la ténacité, l’amour de la vérité, un cheval blanc et leur déontologie, pour les autres,… euh…
Honnêtement je m’attendais à écrire que l’Église catholique avait pour elle intimidation, pots-de-vin,… des truc de mafia bien crades quoi. Et finalement, la seule grosse réaction face à l’investigation des journalistes du Boston Globe c’est « Nous ne ferons aucun commentaire ». Eh ben ça, si c’est pas flippant de chez intimidant je ne m’y connais pas.
C’est le souci principal du film pour moi. Pas un instant, on a l’impression que les journalistes sont en grosse difficulté dans leur affaire. Au mieux, les rebondissement sont sur l’ampleur que prend l’affaire au fur et à mesure que le temps passe. Que ça se soit passé comme ça dans la réalité, ce n’est même pas le problème. Mais on est dans un film, et avec son approche hyper-fonctionnelle, que ce soit sur la réalisation ou des dialogues, j’ai ressenti comme un petit manque de suspense. En même temps quand un expert mystérieux dit à un journaliste que l’Église va tenter de les intimider, on s’attend à du coup de fil en pleine nuit avec une voix disant « Quel est ton film d’horreur préféré ? ».
D’un autre côté, si Spotlight n’a pas ce climat angoissant teinté de paranoïa, il compense par un traitement très réaliste, quasi documentaire, où l’important est la réflexion derrière l’investigation. Ça rappelle, inévitablement, The Newsroom (excellente série à voir), sans le côté flamboyant et parfois grandiloquent. Et c’est vrai que pour un sujet aussi joyeux et déluré que celui-là, la forme est assez adaptée. Spotlight est droit dans ses bottes : c’est un film sur une enquête sur la protection à grande échelle de curés pédophiles. Point barre. Le film ne s’éparpille pas, aborde sans creuser la vie privée mise à mal de ses journalistes. Qu’on se le dise, Spotlight est un film d’investigation, pas un thriller. C’est son point fort. C’est aussi, pour moi, sa limite.
Dans toute cette austérité (qui a dit protestante ?) un casting 5 étoiles. Bon, on n’est pas dans la performance à la The Revenant (oui, j’anticipe), mais je retiens Mark Ruffalo et Michael Keaton qui sortent du lot. Même avec leur légère tendance à se gratter pour bien montrer à quel point ils réfléchissent.
Quant à la réalisation, RAS. Spotlight est de ces films qui s’effacent totalement devant le scénario. Avec un contenu fort, une mise en forme discrète, méticuleux et sobre, Spotlight réussit à vous faire dire « Bon Dieu de merde » au générique de fin.
https://blogameni.wordpress.com/2016/02/07/spotlight-thomas-mccarthy/