Possédant un synopsis béton et auréolé d'une réputation flatteuse, Spotlight avait tout pour faire partie des meilleurs sorties de ce début d'année. Dommage que Mccarthy ait oublié au passage qu'il réalisait un film et non un documentaire/témoignage des évènements.
Car le problème provient essentiellement de sa mise en scène, et plus précisément de son absence. Pendant un peu plus de deux heures il se contente de filmer les allers et retours de ses personnages, obsédés par l'enquête en cours, sans le moindre souffle cinématographique. On est presque confronté à une image télévisuelle où le cadre n'est pas spécialement soigné et où l'on suit avant tout l'avancée du scénario, l'avancé d'une investigation plutôt qu'une véritable mise en place d'enjeux. Presque rien ne vient entraver le travail des journalistes si ce n'est le temps. Tout se règle, tout avance, de manière étonnamment fluide et inéluctable. L'Eglise riposte si peu, la pression sociale s'abat modérément.
On regrette également un jeu d'acteur presque formaté, plié par la gravité de son sujet.
Entendons-nous bien. Une histoire de cet acabit est passionnante à suivre et un sujet de cette importance méritait d'être connu du plus grand nombre (presque une mission de service public). Mais délaisser toute ambition formelle au profit d'une thématique "facile", car dramatique et incontestable, c'est renié l'élément cinéma, pourtant racine d'un film. Les mauvaises langues crieront au film à Oscars, ils n'auront pas tout à fait tort.
A ceux qui diront qu'une telle histoire ne doit pas être victime d'effets de mise en scène et que la sobriété s'impose, je leur conseillerai de re(voir) M le maudit et La nuit du chasseur, deux classiques, bijoux de réalisation épousant les mêmes thématiques que Spotlight.