Retour vers le passé

Eh bien voilà : tout le monde sait que George Lucas avait un rêve. Un rêve de toute une vie. Un rêve qu’il a réalisé de 1977 à 1983. Il aurait pu s’arrêter là et profiter pleinement de la fortune et de la notoriété qui se sont abattues sur lui. Seulement il y a un hic : ce rêve avait un goût d’inachevé. Ça non plus ce n’est pas un secret. Mais comment rebondir sur une trilogie culte et qui est restée dans toutes les mémoires laissée en l’état seize ans plus tôt ? Surtout qu’il y a un risque, et pas des moindres ! Celui de décevoir. Parce qu’en seize années, le public a changé. Il est toujours là, mais a changé. Les grands fans de la première heure attendaient fébrilement une éventuelle reprise de la franchise, sans vraiment trop y croire. Et voilà le public comblé par "La menace fantôme", premier épisode du préquel à la trilogie d’origine. Alors évidemment, on pourrait se demander si George Lucas a bien fait de rempiler. Si on se fie au nombre d’épisodes qui ont été tournés ensuite, et aux résultats obtenus au box-office, on peut dire que oui. Mais ça, c’est plutôt un raisonnement de producteur (et de banquier).
Pour le public… difficile à dire, en tout cas pour moi qui ne parvient guère à apprécier le genre. Tout d’abord, il faut reconnaître qu’on retrouve bon nombre de composantes qui ont contribué au succès de la première trilogie, lesquelles font à jamais figure de marque de fabrique. Pour commencer, le tableau visant à planter le contexte, ce même tableau qui évolue tel un vaisseau s’évanouissant dans les confins de l’espace. Dans un même temps, la musique. Et dans un second temps, on retrouve tout l’état d’esprit de la trilogie d’origine, sans les personnages que nous connaissons tous.
Et pour cause, "La menace fantôme" se passe quelques dizaines d’années plus tôt que "La guerre des étoiles". Sinon, on retrouve des créatures toutes plus curieuses les unes que les autres (ouaouh ! l’imagination !!!), les combats au sabre laser, la sempiternelle réplique « que la force soit avec toi », toutefois un peu moins répétitive. Reste alors à mettre en place les effets spéciaux, qui apportent un vrai plus. Ben tiens ! c’est qu’ils ont eu le temps de progresser en seize ans ! et pas qu’un peu ! Et pour une fiction de cet acabit, ça ne peut qu'être bénéfique.
Hélas, ce n’est pas encore cet épisode qui me fera apprécier la saga et, du même coup, m'ajouter aux rangs des innombrables fans. Un a priori trainerait-il par là ? Peut-être. Pourtant il me semble que je parviens à le laisser de côté. Enfin je crois. J’ai comme qui dirait le cul entre deux chaises, position soit dit en passant très inconfortable. D’un côté je me suis ennuyé, et de l’autre j’ai été impressionné. Impressionné par les scènes qui envoient du bois.
Assurément, George Lucas couve son bébé et en est fier. Et ça se voit à l’écran. D’abord par la formidable course de modules, ensuite par le déploiement des armées pour la bataille finale. George Lucas a rêvé de quelque chose d’épique, de grandiose. Le fait est que George Lucas maîtrise parfaitement son sujet pour les scènes à grand spectacle. Pour les deux séquences dont je viens de parler, c’est grandiose, c’est beau, c’est fastueux, en bref spectaculaire. Et on en prend plein les yeux. Pour le reste, le cinéaste aime prendre son temps, sans pour autant en faire un film interminable (2h16 tout de même).
Mais… arf je ne sais pas… ça manque peut-être de consistance, notamment de la part des personnages principaux, à commencer par Ewan McGregor et, dans une moindre mesure, Liam Neeson. Attention, ce dernier se démène beaucoup mais… je ne le sens pas très à son aise, en particulier lors des duels au sabre laser. Se pourrait-il qu’il ait été handicapé par son mètre 93 ? Après, il n’y a pas grand-chose à dire sur le casting. Ils sont tous bien dans leur rôle. Ma préférence va tout de même vers le jeune Jake Lloyd dans la peau d’Anakin Skywalker. En dépit de l’énorme casting présent autour de lui, il a su faire preuve de naturel, de spontanéité et d’intelligence dans ses déductions tout en gardant une certaine part d’ingénuité.
Pour ce qui est de l’histoire, j’ai relevé quelques faux raccords, que je trouve surprenant de la part d’un créateur très près de son bébé. Là je ne parle pas du renvoi systématique des projectiles à leur expéditeur, avec une efficacité qui frôle l’insolence ! En revanche, la vraie bonne idée réside en la création du personnage Dark Maul, interprété brillamment par Ray Park, bien qu’il ne prononce pas beaucoup de répliques. Son regard, son positionnement expriment bien des choses. Et ça ne devait pas être facile quand on sait qu’il lui fallait passer deux heures sous les mains expertes des maquilleurs pour changer d’apparence. Malgré tout, j’ai trouvé qu’il en faisait parfois un peu trop dans ses chorégraphies.
Pour finir, on sent une vraie volonté d’intégrer davantage d’humour. C’est fait principalement par Jar Jar Binks. Contrairement à tout le monde, je l’ai trouvé amusant, surtout au début. Après, il est vrai que ça a tendance à devenir un peu fatigant, mais il y a tout de même quelques bonnes petites banderilles. En tout cas pour moi, je l’ai trouvé attachant par son côté un peu puéril, son esprit de vouloir bien faire, et surtout par son côté gaffeur. Et puis de toute façon, "Star wars" est fait pour rassembler un public le plus large possible, en ralliant les plus jeunes aux fans de toujours. En cela, je considère que Jar Jar Binks est plutôt bien vu.
Respectant à peu près le cahier des charges conçu uniquement pour la saga "Star wars", "La menace fantôme" remplit bien son contrat de divertissement.