Un titre à la con

Critique blindée de spoilers

L'épisode VII m'avait ravi, pour moi c'était l'épisode parfait, un rythme de malade, un hommage à la première trilogie tout en faisant débarqué une superbe jeune fille aux commandes. Je souhaitais juste qu'on sorte du classique "il faut détruire cette station orbitale", donc cet épisode dont la rumeur disait qu'il cassait pas mal de codes m'intriguait bien. Du coup c'est sans regret que je suis parti pour ma sortie annuelle au cinéma, le vrai, où tu peux pas allonger les jambes, où le ratio taille de l'écran/définition te fais revenir à l'époque du DVD, où tu dois te cogner les gens qui rient quand c'est pas drôle, les gens qui rient quand c'est drôle, où tu dois regarder le plafond pour pas te faire spoiler par les trailers et où tu dois renoncer à deux heures de sommeil parce que dans ton village ils aiment pas trop le cinéma (en VF & en 3D, on est d'accord ils aiment pas le cinéma ces gens là ?) et que du coup faut rester sur la capitale. Mais trop usant de devoir traverser les six prochains mois au milieu d'un champ d'astéroïdes de spoilers donc c'est parti, épisode 8 nous voilà !

J'avais un peu peur pour ce deuxième/huitième volet (certains contrebandiers célèbres diraient que j'avais "a bad feeling about this"), il était temps de faire mourir complètement la première trilogie (et ses personnages), du coup j'avoue que j'ai guetté un peu tout du long où Carry Fisher nous ferait ses adieux : ah la dans l'espace, ah non elle vole, alors la dans à l'hospice, ah non non plus, du coup lors de l'assaut final forcément elle va rester en arrière, ah bah non elle cavale la coquine. Alors c'est Luc qui y passe ? Quoi non plus ??? Ah bah si en fait, gros coup de pompe après son spectacle 3D...
Je suis pas forcément hyper fan de ce choix, je pense qu'il aurait fallu faire disparaitre le personnage de Leia plus tôt, et réserver un meilleur sort à Luke que de le laisser pourrir sur son île. Il y'avait tellement à faire sur ce personnage, avec le passages des années. Autre chose que de le transformer en papy grognon.

Une autre mauvaise surprise c'est la première moitié du film, après une bonne intro, on passe tout d'un coup sur un rythme de sénateur (Rey sur l'île avec tonton Luc, Fin au casino avec sa nouvelle meuf mouaiiis..., toutes les mascottes extraterrestres mouaiiiiiis) ça m'a rappelé les heures les plus sombre de Jar Jar au conseil galactique, ou Anakin en enquête top secrète à la campagne. La super course poursuite entre 4 vaisseaux spatiaux où on attend la panne d'essence qui dure des plommmmbes mouaiiiis. J'ai vraiment pas été emballé.

Pas émerveillé non plus par certains second rôles introduits que je trouve un peu inutiles (Benicio en tête, je vois pas trop ce qu'ils ont voulu apporté avec son perso pour l'instant c'était un peu court..., Laura Dern au look de youtubeuse vegan qui aime bien Poe en fait mais veut jamais lui réveller son plan "parce que"). Ca partait vraiment un peu trop dans tous les sens, sans vraiment raconté grand chose de marquant, j'ai eu peur de revivre le montage narratif catastrophique de Rogue One. Et je reviens la dessus mais tout l'arc Fin/Rose sur leur planête casino, c'était assez mauvais.

Et puis tout d'un coup Rey arrête de vouloir revivre la séance de l'apprentissage dans les marais, et redevient la casseuse de bouche qu'on aime tous. Kylo devient son pendant maléfique, Fin arrête de jouer au héros, pour redevenir le side kick useless qu'on aimait bien (quel dommage qu'on lui refuse cette super fin en héros :/), et la course poursuite à pied entre la flotte rebelle et ses poursuivants passe enfin la vitesse lumière. Et là le film repart tambour battant, du sabre laser, du falcon en rase motte, du sable rouge, yeahhhh !

Bon par contre on est d'accord l'organigramme du nouvel ordre c'est un peu léger, pour un régime qui contrôle quasi toutes les planêtes du système ? Le grand patron crève, et derrière il reste qui ? Le militaire débile, ou le jeune stagiaire gothique ? Woah top management de crise les gars, faut apprendre à bâtir une équipe.

Bon allez je reconnais que Adam Driver a un rôle qui tient bien plus debout ce coup ci, son personnage est mieux introduit, on lui laisse plus de temps, c'est pas encore parfait, mais si il devient un peu plus adulte/retors/intelligent, il pourra faire un vrai méchant pour le dernier épisode.

Mais pour ça faudra qu'on l'épargne un peu de toutes les innombrables vannes qui parcourent ce film. Il y'a des irrévérences au Star Wars que l'on connait assez ouf, je me suis cru dans un film de Chabat parfois (Poe qui trolle le général au tout début, Luc qui jette le sabre laser par dessus son épaule, le fer à repasser bordel !), ils ont voulu balancer un peu de poil à gratter aux fans, et je trouve ça plutôt réussi. Peut être l'influence Gardiens de la Galaxie ? On est vraiment à la limite du too much.

Du coup au final, entre les moments ultra kiffants et les passages un peu mous voir décevants (la rebellion qui après avoir détruit la star killer est bizarrement réduite à peau de chagrin, la fin de grumpy Luke pas très glorieuse, le casino, la pas-course poursuite, Finn qui aurait pu avoir une belle fin vu l'utilité de son personnage mais non over-attached girlfriend débarque...), il me faudra un second visionnage en bon et due forme pour noter cet épisode. J'espère que le prochain sera plus dense, plus rythmé et plus serré autour des personnages principaux. Le retour de JJ Abrams derrière la caméra me donne beaucoup d'espoir. Il a du mal à aller au bout de longs projets, mais côté réalisation et storytelling c'est un bon.

7 ou 8 étoiles, j'hésite un peu, mais bon ça serait con de se battre pour des étoiles, après on serait obligé d'appeler ça la guerre des étoiles, et ça serait vraiment un titre à la con.

edit : Et au final ça sera un 5 après le deuxième visionnage qui confirme et vient renforcer tous les points faibles du film, c'est cool de casser les codes et de prendre un contre pied sur pas mal de trucs, mais il y'a tellement de parties entières du script qui sont bonnes à jeter que c'est la déception qui domine.