En 2016 les Chivers règnent sur l'école. Ils sont cools, ils boivent du lait à la bouteille et se font lifter la moindre petite partie de leur anatomie. Tout le monde veut être Chivers.
Bien sûr il faut faire attention : les modes ça rend fou et sociopathe.
Tour de force habité, Steak l'est. C'est évident. Ce serait un met goûtu, une très bonne bouchée, qu' on approcherait de ta bouche. Elle te serait retirée immédiatement et emmenée très loin de toi.
C'est codifié et extrêmement observateur, prêt à te faire passer par tous les chemins détournés pour te montrer l'envers d'un univers que nous serons loin de comprendre ou d'appréhender. Les moeurs ont trop changé, les gens sont trop excavés.
Au milieu des kidnappings d'enfants, des meurtres d'adolescents et de la prohibition du tabac les Chivers survivent, officient, règnent. Eric & Ramzy, par bêtise, car c'est ce qu'ils connaissent le mieux, veulent devenir des Chivers. Ça ne fait pas vraiment partie d'une démarche salvatrice, mais avant tout (et c'est au fond tout ce qui compte) d'une envie de reconnaissance. Que les gens se taisent et t'écoutent. Sans jamais être proche l'un de l'autre, comme rarement, ils appellent à une mélancolie universelle et radicale : le monde dans lequel ils vivent ne les comprend pas et ils feront en sorte de ne pas le comprendre. Du désintéressement surgit le burlesque, l'envie de plaire absolument hilarante. Le ridicule nourrit. Le superficiel s'installe et refroidit toutes les interactions : nous sommes obligés de rire, mais toujours avec un certain recul gêné. Car nous ne comprenons pas vraiment.
Mais avant tout Steak nous inculque que les modes c'est cool. Quand une mode meurt, il faut en changer. Le mâle alpha surplombe la meute, gesticule comme un type hors norme et rabat le clapet de n'importe quel blaireau avec une nonchalance cool et décomplexée. S'accrocher à un vêtement et une coupe de cheveux, c'est tout de même le summum du con. Il faut savoir oublier sa chemise un peu ringarde pour apprendre à danser avec des pantalons moulants. Pour toujours pouvoir cracher au visage d'un maximum.
telestlindice
9
Écrit par

Créée

le 5 août 2010

Critique lue 816 fois

8 j'aime

3 commentaires

telestlindice

Écrit par

Critique lue 816 fois

8
3

D'autres avis sur Steak

Steak
angel25
7

Un ovni qui mérite le coup d'oeil

Steak, C'est un film à part, complètement décalé, un ovni du cinéma français. Malheureusement son plus grand tord est d'avoir été vendu sous un mauvais emballage à un public non adapté pour ce genre...

le 17 déc. 2011

52 j'aime

5

Steak
MVCDLM
8

Critique de Steak par MVCDLM

"Oué se film il é nul, ia erik é ramzi é on rigol pa! i devré arreté le sinéma LOL" En gros, c'est ce que reproche la plupart des spectateurs ayant vu Steak. Et bien je me permettrai de leur répondre...

le 30 sept. 2010

34 j'aime

1

Steak
takeshi29
8

Le dernier arrivé est fan de Phil Collins

Heureusement, et comme souvent, l'affiche vous ment, "Steak" n'est pas une comédie avec Éric et Ramzy, ça on s'en fout, mais le premier chef-d’œuvre de Quentin Dupieux, et là on ne s'en fout plus du...

le 23 avr. 2017

33 j'aime

2

Du même critique

Kick-Ass
telestlindice
2

Fuck crime? No, fuck you Kick-Ass

Fut un temps j'aurais défendu Kick-Ass face aux petites agressions de l'extérieur - et elles furent nombreuses - parce que malgré l'esprit branchouille et faussement subversif le récit contenait sa...

le 4 août 2010

42 j'aime

11

Inception
telestlindice
6

Critique de Inception par telestlindice

Je comprends. Il serait très facile d'oublier Inception et de ne pas en faire un film important. C'était un film très malin, bien, maintenant passons à autre chose. Pourtant un tel appel à la...

le 5 août 2010

16 j'aime

7

The Dark Knight - Le Chevalier noir
telestlindice
8

Critique de The Dark Knight - Le Chevalier noir par telestlindice

C'est un énorme poids lourd qui ne met pas KO. Ce qu'il manquait à Batman Begins c'était de véritables figures et Christopher Nolan les trouve en traversant la mythologie Batman : un Joker ambigu et...

le 5 août 2010

12 j'aime