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Nous sommes les méchants...mais pas trop.

Ils s'accordent tous à le dire, et quand je dis "ils", je veux dire les acteurs qui ont déjà joué des méchants : incarner un salopard fini, c'est bien plus intéressant qu'un bon gars dégoulinant de vertu. Alors quand D.C. annonce nous sortir son Suicide Squad, super team de mauvais bougres obligés de sauver l'humanité, je ne pouvais que m'enthousiasmer. Mais encore une fois, comme pour Batman v Superman, ne pas saisir la balle au bond m'a fait défaut. Et les critiques négatives sont tombées me faisant hésiter sans cesse. Sauf que là, contrairement à son prédécesseur, on peut dire que l'essai de David Ayer n'est pas transformé.


Pendant un temps plutôt occupé à faire gonfler sa street credibility en enchainant des films de flics et voyous dans les rues de Los Angeles pour surfer sur la vague Training Day, le réalisateur sort de son registre pour s'engouffrer dans le filon des super. Sans avoir véritablement su convaincre jusque là, on pouvait malgré tout s'attendre à ce qu'une bande de joyeux drilles badass, visiblement la crème de la crème du côté obscur, lui permettent de faire montre d'un certain lâcher prise.
Et on y croit. Du moins au début. C'est calibré et réchauffé et malgré l'indigestion de tubes déjà maintes fois usités s'enchaînant au rythme des plans, il y a un petit côté rock'n'roll bienvenu qui fait rimer cool et folie meurtrière. Malheureusement...
Ben oui, avec une note de 3/10, je n'allais pas m'étaler pendant des heures sur les bons côtés de ce divertissement sabordé.


Sur le papier, on a donc cette Suicide Squad utilisée pour venir à bout d'une sorcière millénaire. Déjà là, ça commence mal. Contraints d'obéir à cause d'une mini grenade implantée au niveau de leur cou, ils se retrouvent embarqués et chaperonnés par un militaire badass mais pas trop. L'enjeu est de taille encore une fois mais on ne le ressent jamais, la caméra étant bien trop occupée à tenter de faire briller nos "héros" d'une nuit.
D'ailleurs aucun d'entre-eux ne réussit finalement à n'être autre chose qu'un vulgaire cliché sur pieds. Will Deadshot Smith est un tueur à gage talentueux et impitoyable mais c'est aussi un papa aimant et l'association des deux est indigeste. Bien que convaincante sous les traits d'Harley Quinn, Margot Robbie ne devient assez ironiquement que la clown de service ce qui est fort dommage car avant Wonder Woman et son discours féministe, il y avait quelque chose à faire de cette femme à la démence assumée et éprise d'une autre figure incontournable du D.C.verse, le Joker. Gros raté pour Jared Leto qui se devait de se démarquer de ces prédécesseurs pour éviter de se retrouver comparé au nihilisme génialement déjanté de Heath Ledger ou au rire sardonique de Jack Nicholson. Si il réussit à s'affranchir des précédentes incarnations, le personnage qu'il fait évoluer se rapproche plus du chef de gang bling bing sous cocaïne que du véritable amoureux de l'anarchie et du chaos.
Pour le reste, la plupart des membres de cette équipe ne sont que des faire-valoir destinés à utiliser leurs pouvoirs ou capacités au bon moment pour faire avancer le récit. Certains d'ailleurs, pauvre Adam Beach, n'auront même pas cette chance.


Au final, niveau personnages, on commençait avec de vraies individualités qui méritaient de voir leur côté sombre pleinement exploité. Finalement, chemin faisant, on se retrouve au milieu d'une équipe plutôt sympathique. Mon principal regret va à ce besoin de faire du tout public en rendant les méchants de plus en plus agréables grâce à l'ingénieux procédé visant à rendre les gentils pas si gentils. Pour couronner le tout et achever leur réhabilitation aux yeux du spectateur (dans l'histoire, ils sont grillés pour plusieurs vies), le scénario se permet même de leur offrir quelques minutes de répits. Confessions et petites introspections aussi inutiles que ridicules finissent d'annihiler tout espoir d'une quelconque autre direction. Moi qui trouvait jusqu'alors que D.C. prenait à cœur de se démarquer du côté enfantin des Marvel, c'est quand ils avaient le plus l'occasion de le faire qu'ils s'y plient.
Ainsi, mis à part quelques bonnes scènes de dégommage faites avec panache et dans la bonne humeur, tout se met en place sans jamais dévier jusqu'à l'affrontement final, avec une sorcière (je le remets tellement c'est moche) pour faire de ce Suicide Squad un énorme prétexte.


Les possibilités étaient là. Comme pour l'irrévérencieux Deadpool, il y avait de quoi taper dans la fourmilière et bousculer un peu les codes du genre. A l'image de Batman, chercher la noirceur et le conflit interne chez les héros fonctionne bien mieux que de tenter à tout pris de laisser entrer la lumière chez leurs opposants. Suicide Squad avait de quoi séduire et il aurait pu en jouant pleinement la carte de la contrainte, sans essayer de transformer ses méchants en héros, en les laissant être ce qu'ils sont, une bande d'illuminés solitaires et obligés de cohabiter. De là, je pense qu'on aurait vraiment pu voir quelque chose.

Créée

le 25 juil. 2021

Critique lue 104 fois

RicowRay

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