La filiale cinématographique de DC peut-être aussi bien excellente lorsqu'ils innovent (la trilogie du Dark Knight, Watchmen) comme maladroite lorsqu'ils copient (en l'occurrence, la logique de l'univers étendu lancée par Marvel depuis une demi décennie). Les films de cette dernière catégorie sont écrits et réalisés avec pour seul cahier des charges de redorer le blason de la famille DC et de rattraper commercialement parlant les succès incontestables des films Marvel. Dans des films comme Batman V Superman, bien qu'il présente de nombreuses failles, ça passe, car l'univers sombre et extrêmement sérieux est conservé malgré la volonté d'intégrer trop d'éléments concernant les prochains films, mais vis à vis d'un film comme Suicide Squad, la pilule ne passe plus, et on se retrouve en face d'une oeuvre qui ne sait jamais sur quel pied danser et qui se révèle au final l'oeuvre la plus convenue de l'univers cinématographique DC depuis un bon bout de temps. Le comble.


Parce que ce Suicide Squad a été vendu un peu à toutes les sauces. D'abord un film sombre centré sur les grands vilains de l'univers Batman...heu...pardon, DC ; puis, après la sortie de Deadpool côté Marvel, comme un film fun, déjanté, pop et coloré. Qu'en est-il réellement ?


Le fait est que le film est véritablement en dents de scie. Présentant des qualités esthétiques (mise en scène comprise) évidentes et trente premières minutes d'introduction aux personnages particulièrement intéressantes, celui ci s'engouffre dés le second axe dans un film de super-héros convenu, à peine plus fou-fou et subversif que ses prédécesseurs, exactement à la manière de Deadpool. En somme, un film hardcore pour les moins de 12 ans.


Parce que le problème de ce genre de productions, c'est qu'elles ne savent plus viser un type de public. Par avidité des studios, l'objectif est de plaire à tout le monde, fans, néophytes, jeunes, vieux, hommes, femmes, chiens et chats. De sorte, l'impression que j'ai eu à la sortie du film, c'est d'avoir été placé devant un clip vidéo plus que devant une véritable oeuvre cinématographique. L'ensemble est extrêmement plaisant à regarder, la bande son envoie du lourd, les images sont réussies, mais il ne s'agit pas d'une oeuvre cinématographique digne de ce nom. On la regarde, mais on ne la ressent pas, et c'est le malheureux phénomène qui semble toucher de plus en plus de blockbusters, notamment dans le monde des super-héros.


Ce phénomène là est directement imputable à la paresse scénaristique inhérente à ce type de production, dans une logique de cahier des charges plein à craquer, où chaque film annonce le suivant, où il faut présenter tel et tel personnage, être subversif mais pas trop, sombre mais drôle, etc... Les principaux acteurs artistiques attachés à ces projets n'ont plus aucune liberté et semblent plus animés par le respect de ce cahier que le fait de nous offrir une oeuvre d'art.


Concernant les défauts scénaristiques de Suicide Squad : les blagues tombent pour la plupart à plat, seuls trois personnages tout au plus sont développés (Deadshot, Harley Quinn et le Joker à moitié), le méchant sur lequel repose toute l'intrigue est l'un des plus ridicules et bâclés qu'ils nous ait été donné de voir depuis bien longtemps (et ses lignes de dialogue...mon Dieu...), et enfin, le film est plus intéressant lorsqu'il traite des personnages individuellement que lorsqu'ils sont tous réunis.
Concernant ces fameux personnages, les pires vilains de l'univers, ces derniers sont difficilement pris au sérieux car aucun n'est réellement méchant au fond. Tous son humanisés pour que le spectateur s'identifie à eux et même le moins humain d'entre eux, Killer Croc, est relayé au rang de comic relief. Aucun sentiment de puissance ou de crainte vis à vis de ces personnages passées les trente premières minutes, grave erreur.


(Pour faire une aparté sur le Joker, celui ci est intéressant avec son look bling bling et Leto s'en sort bien mais semble en faire beaucoup trop, on est loin de la subtilité de Nicholson ou de Ledger).


En bref, Suicide Squad est un film extrêmement bancal, tourné comme un vidéoclip plus que comme un film (sympa au début mais empêchant celui ci de s'encrer dans le temps), baclé sur beaucoup de points pour tenir tête à la concurrence.


Pour conclure, aujourd'hui, le principal ennemi de DC n'est pas Marvel, mais son propre Ego.

Scorcm83
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le 6 août 2016

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Audric  Milesi

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