When Heroes Go Down ♫
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Clint Eastwood a 86 ans. Il est vieux. Mais il continue son parcours dans le cinéma avec Sully, biopic sur le commandant ayant sauvé 155 personnes à bord d'un avion qui dut subir un amerrissage d'urgence. Bon dieu, que le défi était de taille de faire ce film.
Un défi de taille car Sully relève d'un optimisme salvateur qui doit oublier le terrain morose que devient Hollywood. Mais comment raconter l’histoire d’un fait divers extraordinaire mais connu de tous, jusque dans son heureuse conclusion ? Comment apporter de la texture à un véritable héros moderne mais assez lisse ? Comment y trouver du cinéma ? La recette semble à l’écran tellement facile, grâce à la rencontre entre ces deux talents extraordinaires que sont Clint Eastwood et Tom Hanks. Une première, mais qui tient de l’évidence. Tout le film tient de l’évidence, à tel point qu’il ressemble à un « petit » Eastwood, exécuté sans grand effort. Pourtant on peut remarquer des notions très intéressantes dans sa manière de raconter l'histoire à travers un scénario des plus banals.
Eastwood ne va pas se focaliser sur l’acte en lui-même, même s’il lui réserve quelques séquences prouvant à nouveau à quel point il maîtrise les moments extrêmement spectaculaires. Mais il va préférer s’intéresser aux heures qui vont suivre et à l’état mental du héros. Une succession de coups de téléphones, un stress quotidien quant à son avenir et sa réputation dans le métier, un face-à-face avec une administration voulant transforme ce geste héroïque en erreur. Tout le film se porte sur cette Amérique qui ne semble pas encore savoir où sont situés ces repères. Mais Eastwood montre une Amérique toujours blessée par le 11 septembre (d'où notamment de choisir de rendre les scènes de vols très cauchemardesques), un peu paranoïaque et très mécanique dans ses procédures. Ainsi, le propos de Sully est celui du rassemblement dans un monde cherchant toujours plus de division. En cela il fait un bien fou, au même titre que quand il rappelle l’importance de l’humain face à la machine. Le gros tour de force de ce film tient dans sa faculté à prendre à revers les différents genre qu’il aborde (film catastrophe, film de procès…) pour en tirer quelque chose de fondamentalement positif. Pour Clint Eastwood, malgré tout, l’être humain reste profondément bon.
Mais aussi très américain. Clint Eastwood n'échappe malheureusement à quelques clichés dans sa narration et sa réalisation qui viennent plomber un peu l'ambiance si particulière de ce Sully, qui est au fond, un film maîtrisé jusqu'au bout, porteur d'un message optimiste qui fait du bien. C’est dans l’héroïsme humble de ses personnages que se joue le spectacle Sully, et ces héros méritaient un format si majestueux pour leur rendre justice.
Créée
le 28 nov. 2016
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