Quand Christopher Nolan te demandait de garder ton cerveau actif

Le dernier Christopher Nolan sauveur du cinéma ?


Le COVID fait des ravages partout. Même les futures sorties de films tant attendus se retrouvent repoussées de plusieurs mois. Heureusement pour nous, Christopher Nolan a tout fait pour que son dernier bébé sorte sur grand écran et cet été. Le film de l’été ? D’emblée, Tenet ne plaira pas à tout le monde, demandant de laisser brancher son cerveau pendant 2h30 afin de comprendre tout ce qui se passe devant ses yeux.


Christopher Nolan met la franchise James Bond au shaker et la mélange avec mesdames complexité, subtilité et temporalité. Trois années après « Dunkerque », retour aux premiers amours du cinéaste : le temps et l’espace. Vous avez aimé « Inception » et son jeu de gravité? Je pense que Tenet réussira à moitié son job en faisant mumuse avec le temps et donc, vos sens. De l'originalité esthétique, Tenet en a à revendre et même si ce film fait grandement penser à "Déja vu" en encore plus complexe, il n'en demeure pas moins un blockbuster que l'on ne voit que très peu au cinéma. Tenet va bousculer vos habitudes en plus de bousculer le concept de temporalité linéaire.


« Déjà vu », « L’effet Papillon », « Looper », « Source Code », « Donnie Darko », si vous avez vu tous ces films, qu’à l’écoute des termes « paradoxe temporel », « paradoxe du grand-père » , « influence sur le temps », « lignes temporelles », « chronologies inversées » et « manipulation du temps » vous n’affichez pas la même expression que lorsque l’élastique de votre caleçon a sauté, alors vous êtes paré pour visionner ce nouveau Christopher Nolan. Tout comme l’a été « Donnie Darko» avant lui, « Tenet » est un véritable puzzle scénaristique.


Arrières plans, impacts de balles dans le décor, évènements n’étant pas encore arrivés, Christopher Nolan veut que vous jouiez les observateur. Tout ce qui parait inhabituel ne doit pas être laissé de coté. Il vous est donc hautement recommandé d’avoir fait un gros pipi avant la séance, de ne pas réfléchir au programme de la semaine, ne pas quitter des yeux l’écran, en sommes, resté concentrer du début jusqu’à la fin pour ne pas se retrouver largué.



Visez et pressez sur la détente. Vous ne tirez pas la balle, vous la
recevez.



Le film qui bousculait ta routine et…ton cerveau


Dans cette nouvelle histoire nous suivons un espion américain au nom inconnu devant empêcher une potentielle troisième guerre mondiale. Sa mission va le transporter et nous transporter dans une dimension dépassant notre perception du temps. Le temps va être inversé. A cause de quoi ? A cause d’une technologie reposant sur la radioactivité. Oxygène, sens du vent, température, tout va être bouleversé. Mais avant de poser les pieds là où vous ne les avez jamais posé, vous arrivez sur un terrain familier.


Voyages dans diverses pays, belles voitures, jolies filles, méchants Russes commandés par un méchant encore plus méchant et machiavélique, espionnage, MI6, au départ, ce Nolan s'inspire des films du plus célèbre des espions tout en l'emmenant plus loin, là où il n'est jamais allé : la science fiction.


La première heure sera explicative. "Poussive" comme diront certains désireux de voir un peu d'action. Gare à la surchauffe de votre matière grise, nous optons pour de la « mécanique quantique », de « l’espace-temps », en d’autres termes, un dialecte que les fans de Doctor Who sauront comprendre (et les fans de voyage dans le temps complexes). Passé les explications temporelles en veux-tu en voila sous des discours parfois très scientifiques (mais dans l’ensemble compréhensibles), vous entrez dans le vif du sujet. De la scène d'action démentielle exploitant judicieusement le concept d’inversement du temps, les fans de Terminator verront même quelques petites ressemblances scénaristiques.


D’un point de vue scénaristique, Tenet propose de belles idées, d’un point de vue spectacle il manque de consistance, utilisant bien mal son concept. Une frustration de m’apercevoir qu’à part trois/quatre séquences astucieuses comme cet affrontement inversé quelque peu...déstabilisant, méritant le plus profond respect envers le chorégraphe responsable, le film ne va pas au bout de son ambition, ne marquera pas mon esprit tel que je le souhaitais (mention à la scène de raid digne d’une partie de paintball).


Le fun, l’émerveillement ne sont que peu présents alors que l’action se trouve accompagnée d’une musique maitrisée, assourdissante, vibrante, jouant avec nos sens (et les enceintes de la salle de ciné), dont certaines sonorités rappelleront les Bandes Originales de « Dark Knight », « Interstellar » et « Inception ». Visiblement, en termes d’action, seul le mixeur image c’est plus amusé.


Si les interprétations de John David Washington, Elizabeth Debicki, Kenneth Branagh et surtout Robert Pattinson enchantent, le développement de leurs personnages lui sonne creux. Peu d'émotion à part à quelques minutes de la fin, l'écriture des personnages est donc l'un des points faibles de ce film alors qu’il arrive à nous créer un duo cool à la bromance plutôt réussie (le protagoniste et Neil, le personnage interprété par Robert Pattinson).


Si l’on ne connait que peu de choses sur nos protagonistes, qu’ils n’affichent que peu d’émotion, difficile de s’y attacher, impossible aux scènes d’action de réussir à capter notre attention un maximum et ce malgré la présence d’une musique réussie. Comment profiter d’un film s’il en oubli le primordial? Pour vous dire, Tenet devient humain lorsqu’il se termine lors d’une scène je l’avoue, poignante.


Au passage, certains seront ravis d'apprendre que Kenneth Branagh ne reste pas prostré sur un ponton à attendre que le film se termine. Cette fois, il joue les bad guy ayant toujours une longueur d’avance sur le héros. Un digne successeur de Dr No en plus dangereux et plus sadique.


Pour finir, oui j’ai aimé l’expérience, non je ne la renouvellerai pas à cause du manque d’émotion. Cependant, ce genre d’œuvres plus réfléchies, plus travaillées, plus originales méritent le coup d’œil. « Enragé », « Greenland », « Les Nouveaux Mutants », cet été 2020 m’aura rappelé les années 90, époque où les cinémas proposaient un large de choix de films dissociables et de qualité.



-Il c'est passé quoi ici?
-Ca c'est pas encore passé.



Au final, Tenet, une nouvelle proposition cinématographique à ne pas mettre entre toutes les mains. Scénario allant dans tous les sens, dialogues parfois interminables sous des termes scientifiques risquant d’embrouiller le cerveau, scènes d'action mi originales/mi déjà vues, quelques longueurs, personnages manquant de profondeur, je m’attendais à quelque chose de plus humain, moins froid. Tenet m'a laissé sur ma faim alors qu’il a une belle cargaison de bonnes idées dont celle de jouer au film puzzle obligeant le spectateur à se servir de sa mémoire visuelle et sonore. Une expérience à vivre au moins une fois au cinéma, ci possible en « lecture simple ».

Jay77
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le 2 sept. 2020

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Jay77

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