La déchéance d’un mythe cinématographique, tome 1 : Terminator Genisys

Alors que la mythique franchise Terminator avait donné ses lettres de noblesse à la science fiction et avait fait de James Cameron une valeur sûre à Hollywood (avant que Titanic et Avatar n’en fassent une valeur intouchable), un troisième opus suit en 2003, le genre divertissant mais qui n’étonne personne, qui ne renouvelle pas la saga, et vient casser un peu l’aspect légendaire d’un diptyque qui aurait dû rester un diptyque.
Vient ensuite un quatrième volet, Terminator Renaissance en 2009, qui, partant d’un postulat de base pourtant pas dégueulasse situant l’action dans le futur apocalyptique décrit précédemment et qui devait donner lieu à une nouvelle trilogie, se révèle finalement bancal, anecdotique et se viande comme il faut, enterrant une bonne fois pour toutes une franchise qui avait de toute façon déjà tout dit.


Mais comme «une bonne fois pour toutes» ne veux absolument rien dire à Hollywood, cité de nécromanciens qui aime ressusciter les morts, un cinquième Terminator, réalisé par Alan Taylor, voit le jour en 2015, placé sous la bonne étoile d’un Cameron qui dira "Ceux qui ont aimé Terminator vont adorer Terminator Genisys".
On se demande s’il a réellement vu le film et si oui, dans quel état...


Partant d’une idée aussi dégueulasse que son traitement, à savoir miser sur la nostalgie des premiers films et rien que ça, et en faire en même temps une suite, un remake, une mise à jour et un doigt d’honneur, Terminator Genisys n’en loupe pas une pour agacer le spectateur bercé par les œuvres phares d’anticipation d’oncle Jim et démystifier une saga qui avait déjà assez souffert.


Derrière un scénario bancal nous perdant dans des temporalités sans intelligence et sans donner le moindre soupçon de cohérence au tout, la première partie du film parcourt le chemin tracé par le premier Terminator de 1984. Point par point, quitte à repomper sans trop d’intérêt plan par plan la première réussite de Cameron.
Ennuyeuse à mourir, redondante et pondue par un stagiaire en cinéma, elle ne détonne pourtant pas devant la seconde partie tellement celle-ci est mauvaise. Avec une intrigue qui avait déjà été dévoilée au public dans la bande annonce, le reste du film n’offre aucune surprise pour rattraper la promo pourrie, et ne révolutionne rien dans la mythologie Teminator, hormis la décrédibiliser encore plus, et là ça devient tragique...


On a droit pendant tout le film à un Schwarzy envoyant chier sa dignité et faisant le pitre, souriant comme un demeuré dans des scènes au malaise plus que palpable et enterrant une nouvelle fois après Terminator, le soulèvement des machines son personnage de cinéma qui lui avait pourtant apporté la renommée.
On a également un pseudo Kyle Reese interprété par un Jay Courtney qui n’a pas approfondi son jeu depuis Spartacus, et qui ici se montre aussi captivant qu’une huître à l’échalote et un Jason Clarke remportant haut la palme du John Connor le moins crédible, le reste du casting ne se débrouille malheureusement pas mieux.
Même Emilia Clarke, le meilleur élément humain du film, fait pâle figure à côté de Linda Hamilton; et si elle a l’air d’avoir foi en le projet (c’est bien la seule), elle se casse méchamment la figure à force d’interpréter une pale copie d’une femme forte et bad-ass, mange ses dents au passage et regrette amèrement d’avoir laissé ses dragons sans surveillance à la maison.


Même pas beau et/ou révolutionnaire, Terminator Genysis n’en finit pas d’accumuler d’autres tares. Par exemple les effets visuels, qui, de par leur côté minimaliste (Terminator minimaliste...si un jour je m’attendais à ça) et pas franchement spectaculaires (pour un budget aussi confortable de 155 millions de dollars c’est le comble), et une scène où il est question de rajeunissement numérique assez dégueulasse du chêne autrichien, fait l’exploit de vieillir moins bien que Le Jugement Dernier... sorti 24 ans auparavant...c’est dire le niveau.


Se vautrant dans un happy-end putassier et tirant une ultime balle à une franchise morte puis revenue à la vie, Terminator Genysis est une sorte de blockbuster sans âme au duo de sauces MARVEL et Transformers, et qu’un mythe finisse comme ça, ça fait mal au cœur de celui pour qui Le Jugement Dernier est un pan entier de l’enfance et de la culture SF au cinéma.
Et les valeurs nécrophiles d’Hollywood sont telles que même avec l’échec de ce film, une suite est quand même sortie en 2019, un peu moins daubée mais se situant quand même entre le quatrième volet d’Indiana Jones et Alien : Covenant sur l’échelle du saccage de franchises.


Non content d’être un fiasco total et absolu, Terminator Genysis fait en plus partie du cercle fermé (mais très fier d’exister les cons !) des franchises mythiques relancées en 2015 dans le seul but de déféquer sur la tête du spectateur et lui demander de payer pour ça ensuite. Cercle se composant en plus du film ci-dessus de Jurassic World et Star Wars : le Réveil de la Force. Heureusement au passage que papy Miller était là pour remonter la côte avec Mad Max : Fury Road ...

Tom-Bombadil
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le 22 avr. 2020

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Tom Bombadil

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