Le sujet est un peu compliqué, voir indigeste, et le film se donne du mal pour l'expliquer.
Mais prenons un pays qui vit à crédit, les états-unis. Les gens y achètent des maisons et lorsque les maisons prennent de la valeur, on leur dit qu'ils peuvent emprunter plus. Alors ils le font, ils s'endettent d'avantage, achetant une deux, cinq maisons comme cette stripteaseuse qui réalise qu'elle est en danger.
Plus l'argent circulent, plus cela donne des idées aux marchés financiers. Ceux-ci créent des produits en regroupant les crédits immobiliers et en les revendant en compartiments. Comme statistiquement certains crédits vont être impayés et pas les autres, on construit des compartiments risqués et d'autres non risqués.
Au départ cela était fait pour financer ces nouveaux prêts immobiliers. Mais comme il y a beaucoup de crédits en jeu cela a deux effets. On invente des compartiments de compartiments, ce qui ne veut pas dire grand chose, et les compartiments les moins risqués qui sont les plus rares deviennent le cas général sous la pression des investisseurs, c'est l'appât du gain. Bref les marchés croient que tout va bien, des milliards de dollars circulent. Tout le monde est heureux, les risques sont amplifiés et une bulle spéculative se forme. C'est le début de la crise des sub-primes.


Le film commence dans ce contexte avec 3 groupes d'investisseurs différents. Un médecin un peu loufoque, Christian Bale, qui gère un fond d'investissement, un groupe de traders mené par Steve Carrel, qui a crée le sien au sein d'une banque et 2 jeunes qui avec des économies font cela dans leur garage. Tous comprennent que rien ne va plus. Le médecin tout seul avec ses équations, les traders par l'intermédiaire d'une banque allemande et d'un Ryan Gosling aux cheveux teints, les deux jeunes en récupérant les conclusions .


Tout le film repose sur l'ironie sordide qu'en misant contre le courant on gagne. Mais si ils gagnent contre le système ce qui est jouissif tant le système est détestable, ils gagnent contre les gens qui perdent leur boulot, leur maison, leur dignité. Triste fin.


Avant d'en arriver là, la route est semé d'embuches et d'ignobles connards donc. Le film fait une plongée dans ce monde comme un documentaire. On voit les réunions, le fonctionnement quotidien, les séminaires, la pression. Mais la façon dont cela est montré ressemble à un fantasme de ce que, a posteriori, on aurait aimé dire ou que les gens se disent. Tout simplement on s'insulte (la femme qui donne des bonnes notes à tous les compartiments se fait carrément voler dans les plumes), on se méprise très ouvertement (une scène où Steve Carrel dine au restaurant avec un intermédiaire aussi inutile que dangereux est profondément violente), on se crache dessus presque physiquement mais en gardant toujours le sourire. Voir on fait intervenir une star de la chanson pour expliquer le fonctionnement mécanique des marchés.
Rien n'est réaliste, jamais, même si tout est vrai. La finance c'est vraiment fou, parfaitement déconnecté de la réalité. A ce niveau de connerie c'est de l'art.


Donc tout part à vaux-l'eau et les 3 investisseurs décident d'aller à contre courant. Ils prennent tous la décision de tirer profit de cette baisse à venir. Ils "shortent" les positions. En un mot ils achètent à une banque le droit de lui revendre un actif au bout d'un certain temps à un prix fixé aujourd'hui. On gagne de l'argent si à la fin le prix de l'actif est inférieur au prix de revente.
Pour financer cela ils utilisent l'argent des autres ou leurs maigres économies. Pour ceux qui donnent leur argent c'est difficile à croire quand tout va bien, qu'il y a des signes de crise. Il faudrait aller au contact des gens pour comprendre qu'ils se sont trop endettés, qu'ils commencent à ne plus pouvoir payer alors qu'ils pensaient que tout irait et finalement doivent quitter leur logement. Evidemment ceux qui donnent leur argent ne comprennent pas. La preuve une réunion de banquiers à la toute fin, où au milieu de la présentation et malgré une vedette qui arrive, ils quittent tous la salle car une banque vient de disparaitre, c'est le début de la fin. Aucun n'avait rien vu venir. Les cons


Avant d'en arriver là, le médecin s'est fait insulter et poursuivre en justice, Steve Carrel à proposer en gardant le sourire aux auditeurs de son groupe d'aller se faire foutre, quand aux jeunes leur coeur a fait des montagnes russes lorsque malgré tout les signes de crach leur produits ne valaient toujours rien. Avoir raison contre tous c'est pas facile à vivre. Il faut du cran. Jouissif.

OlivierBretagne
8
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le 8 sept. 2019

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