On est de ceux à beaucoup aimer Adam McKay par chez nous, grand bonhomme de la comédie barrée US des années 2000 et dont l'amitié sincère avec Will Ferrell aura accouché des péloches les plus drôles de ce dernier (Anchorman et sa suite, Tallageda Nights mais surtout Step Brothers), et sans aucun doute de certains des plus délirants moments de ces derniers années en salles.


Voir donc le bonhomme s'attaquer à un autre genre que celui qu'il maitrise à la perfection, avec en ligne de mire les turpitudes économiques du monde contemporain, avait quelque chose d'alléchant sur le papier.


Ajouter à ça une attaque plus frontale d'un sujet puissant et proprement révoltant, une true story adapté du best-seller enquête de Michael Lewis (derrière les adaptations des excellents Le Stratège et The Blind Side), The Big Short : Inside the Doomsday Machine, qui revient en long, en large et en travers sur la crise des subprimes; le tout avec un casting vedette indécent de talents.


Et le constat est simple, The Big Short - Le Casse du Siècle pouvait non seulement incarner l'un des potentiels trublions des prochains oscars, mais surtout le digne successeur des célébrés Wall Street, Margin Call et le récent et délirant Le Loup de Wall Street - dont le succès a grandement contribué à sa mise en production.


S'attachant sur une poignée d'hommes ayant vu venir l'effondrement de l'économie avant tout le monde en 2005, et qui se sont amusés à jouer, sur plusieurs années, avec la bourse contre le marché immobilier pour parier contre la crise plutôt que de tenter de l'empêcher, et faire ainsi taire les moqueries à leur égard tout en faisant grimper en flèches leurs profits divers; The Big Short est une épopée décomplexée dans les entrailles du monde de la finance et de la crise des subprimes qu'elle décortique avec une ironie et une dérision salutaire.


Aussi décalé et épuré que profondément humain (comment ne pas être touché par l'endettement et même la banqueroute totale de ceux qui ont eu tort de confier leur argent aux manipulateurs de billets vert), le métrage s'amuse de la complexité de son sujet (le système économique et sa quantité de chiffres justement indéchiffrables) voir même du sentiment d'ennui/d'être largué qu'il peut provoquer avec ses allures franchement pédago, en le désamorçant avec un humour des plus insolents.


Une envie de briser les codes qui se retrouve notamment par le biais du " cassage " du quatrième mur, procédé usé aussi bien par le personnage de Ryan Gosling, que par quelques célébrités finement choisies (Selena Gomez ou encore Margot Robbie, qui pousse pour le coup encore un petit peu plus la filiation avec Le Loup...), qui s'expriment face caméra au spectateur.


Péloche aussi inspirée, cool et dynamique qu'elle est scénaristiquement fouillée et solide, Le Casse du Siècle déjoue toutes les attentes en s'apparentant à un immense films à sketchs - à la frontière du documentaire - dans lequel McKay démontre son immense talent de directeur d'acteurs en orchestrant un casting en tout point parfait, qui semble prendre un plaisir non-feint pour donner vie à des personnages over the top et immoraux (du look aux personnalités arrogantes à la limite de l'absurde), formidablement bien croqués et aux envolées sarcastiques autant corrosives que savoureuses.


Au petit jeu des performances caricaturales, si Brad Pitt s'offre une nouvelle fois le beau rôle et que Steve Carrell est plus touchant que jamais, on retiendra bien évidemment la composition géniale de Christian Bale en désinvolte parfait inadapté social, tout autant que celle détestable et vantarde d'un Ryan Gosling plus verbale qu'à l'accoutumée.


Pur moment de cinéma équilibriste, jonglant de manière surprenante et ingénieuse entre humour et tension/huit-clos avec une pertinence remarquable, The Big Short est un divertissement intelligent, fataliste mais nécessaire sur fond de crise financière qui a tout du candidat idéal pour la campagne aux statuettes dorées qui bat actuellement son plein.


Sans aucun doute l'une des séances les plus immanquables de cette riche fin d'année ciné 2015.


Jonathan Chevrier


http://fuckingcinephiles.blogspot.fr/2015/12/critique-big-short-le-casse-du-siecle.html

FuckCinephiles
8
Écrit par

Créée

le 10 déc. 2015

Critique lue 1.1K fois

10 j'aime

FuckCinephiles

Écrit par

Critique lue 1.1K fois

10

D'autres avis sur The Big Short - Le Casse du siècle

The Big Short - Le Casse du siècle
blacktide
8

La tour infernale

Depuis Le Loup de Wall Street, le genre de l'économie au cinéma a pris un nouveau tournant. En effet, on assiste depuis peu à une mutation d'un public à la fois avide de divertissement et en même...

le 31 déc. 2015

64 j'aime

8

The Big Short - Le Casse du siècle
LeBlogDuCinéma
7

Critique de The Big Short - Le Casse du siècle par Le Blog Du Cinéma

En voyant arriver THE BIG SHORT, bien décidé à raconter les origines de la crise financière de la fin des années 2000, en mettant en avant les magouilles des banques et des traders, on repense...

le 16 déc. 2015

41 j'aime

Du même critique

Avant toi
FuckCinephiles
8

Critique de Avant toi par FuckCinephiles

Comme la majorité des spectateurs de la série Game of Thrones, nous sommes de ceux à être tombé amoureux de la belle Emilia Clarke dès le premier regard. Si la jolie (et le mot est faible) Kalheesi...

le 20 juin 2016

35 j'aime

The Get Down
FuckCinephiles
8

Critique de The Get Down par FuckCinephiles

(Critique - sans spoilers - de la première partie de la saison 1) Tout part d'un projet aussi fou qu'alléchant sur le papier : mettre en image avec passion et réalisme, la naissance du hip-hop dans...

le 16 août 2016

32 j'aime

2

Nous trois ou rien
FuckCinephiles
8

Critique de Nous trois ou rien par FuckCinephiles

Tôt ou tard, les poils à gratter comiques du Paf s'en vont envahir le septième art, avec des fortunes diverses certes, mais force est d'admettre que le giron humoristique de chez Canal + peut se...

le 14 oct. 2015

30 j'aime

2