The Bling Ring fait office d’OFNI dans la filmographie de Sofia Coppola. Effleurant à peine ses thèmes de prédilection, l’auteure cinéaste préfère créer un petit bonbon acidulé dopé à l’adrénaline de sa B.O. choc.

Car la claustrophobie propres à la grande majorité de ses héros sont bien loin : ici, l’on ne retrouvera ni le spleen de Lost in Translation, ni les rêveries mortifères de Virgin Suicides. Seul, Marie-Antoinette y retrouvera les échos de ses douces folies colorées et matérielles, mais où la jeune reine était en proie à une solitude étouffante au sein de son entourage, les jeunes héros de The Bling Ring, épris d’une liberté sans limites, se déplacent en groupes bruyants et extravertis.

Elle ne pouvait faire plus éloigné de Somewhere, drame intimiste aux personnages neurasthéniques ayant bénéficié d’un accueil mitigé. Comme si Coppola cherchait à briser l’image dans laquelle elle tendait à s’enfermer, tout en faisant exploser sa cote de hipsteritude (qui était déjà bien amorcée). Chanel, Louboutin ou UGG, marques hype par excellence, sont les véritables héroïnes de ce film, portées par le tout Hollywood et convoitées par les jeunes cambrioleurs de The Bling Ring.

D’aucuns le qualifieront de commercial et c’est vrai qu’il y a une grand superficialité dans sa forme, mais beaucoup moins dans le fond. C’est sans aucun doute le plus engagé de la réalisatrice. Le ridicule achevé de la hype, le comportement des stars, l’obsession dont celles-ci font l’objet aux Etats-Unis, la jeunesse dorée et désœuvrée le New Age halluciné, l’utilisation égotique des réseaux sociaux : tout y passe. Tout comme cet étrange parallèle entre les auteurs des larcins et leurs victimes, tous en quête de célébrité.

Comme si l’oeuvre se plaisait à être une sorte d’auto-caricature à outrance. Et tandis que l’on verse dans la parodie lorsque les maisons volées sont ridiculement accessible et que tout est disponible grâce à Google, l’on se rappelle que tout ceci est basé sur un fait divers et que de nombreux éléments concernant les cambriolages sont véridiques.

La fiction et la réalité flirtent, mêlant marques de luxe, stars jouant leurs propres rôles, et aventures romancées du petit gang naïf au sein de maisons intrigantes – tout ceci a-t-il été tourné dans leurs véritables domiciles ? Le tout dans un mélange étrange dont le propos peut sembler répétitif ou creux mais demeure fun et jouissif. Dès les premières minutes, The Bling Ring réveille, secoue, et annonce la couleur. L’on retrouvait ce même tourbillon d’excès d’adrénaline et de liberté dans ce petit plaisir coupable qu’est Las Vegas 21. On n’a jamais eu autant d’humour et d’extraversion chez Coppola, même si ceux-ci masquent le mal-être et la solitude – seulement, ceux-ci ne sont pas approfondis.

Quant à Emma Watson, elle en fait trop, à notre plus grand plaisir. Comme si elle ressentait le besoin de nous prouver qu’elle n’était plus une petite fille sage, cassant l’image rangée d’Hermione – mais pas à tout prix, et toujours avec classe, car c’est Emma.

Victime de son scénario faible, The Bling Ring offre une vision différente du cinéma de Sofia Coppola : moins introspective, plus vibrante. Qui, comme ses héros, ou comme la célébrité, se consume trop rapidement, mais intensément.
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le 21 mai 2013

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