C'est un film générationnel, assurément. Il intronise une nouvelle génération d'ados avec ses codes, sa morale, ses valeurs et présente en creux une société sous l'empire des marques et du mimétisme qu'elles instillent (le fait d'être dans la ville des stars ou des Anges, L.A., n'y change pas grand chose dans le fond.) Dans une approche positive, l'acharnement à vouloir paraître toujours au top, à désirer être distingué sur une hypothétique couverture de magazine ou à émerger d'une rivière de tweets, reflète la volonté de faire de sa vie une oeuvre. Mais tout le monde ne peut être une star et la tentation de prendre des raccourcis illicites est grande; même pour ne briller que la nuit, il faut du talent. Dans une approche moins positive, ce film est la présentation de la construction identitaire quasiment martiale d'ados revêtant des habits griffés comme des uniformes ou des armures pour se protéger de la violence de la Mode et de ses femmes-sandwichs. C'est en volant une partie des effets de leurs idoles et en espérant ainsi y trouver une puissance totémique, qu'ils pensent pouvoir échapper à leur condition.

Même si le film s'inspire d'un fait divers, un de ces aspects novateurs est d'introduire la vraie maison de Paris Hilton, lieu de toutes les tentations pour ces ados, où le vol se confond avec la gratuité, où la garde-robe montrée se trouve être la plus complète qui puisse être vue à l'écran actuellement. Même si Paris est une victime, comme d'autres, le film devient alors un support de promotion médiatique en soi. Il rejoint alors les codes esthétiques d'une publicité géante. Cette ambiguïté narrative accentue le vertige de ces ados qui les fera tomber en prison et qu'on accompagnera sans regret mais sans joie jusqu'à la barre du tribunal. Incidemment, que penser d'une personne qui accepte de se faire filmer une deuxième fois le vol de sa maison ? Que ce sont des êtres médiatiques : peu importe la façon dont on parle d'eux, seule compte la surface médiatique occupée ?

Curieusement, ce film fait un ravage chez les ados...

Enfin la bande-son ancre bien le film en 2013.
logan23
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le 9 nov. 2013

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Logan 23

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