The Boy est un vrai film fantastique à l'ancienne. Par-là, j'entends qu'il repose sur l'hésitation de la protagoniste autant que du spectateur sur une interprétation réaliste ou surnaturelle (la poupée est-elle possédée ou pas ?).
Le film joue assez habilement cette partition, laquelle, en bon concerto horrifique en b mineur, ne supporte pas la moindre fausse note, la moindre discordance.
Or, il est difficile de prendre la réalisation en défaut. Celle-ci ne nous manipule pas et nous laisse libre de notre interprétation. Contrepartie : il est aussi plus facile de deviner le pot-aux-roses. Mais à tout prendre, je préfère cette honnêteté technique et narrative à quelque chose de plus artificiellement spectaculaire.
Spoilers Les fausses pistes sont nombreuses et cohérentes : le verre de vin de l'héroïne, le fait qu'elle soit -soi-disant- écrivain et donc prompte à imaginer des choses (ressort éculé dans ce genre de récit, je vous l'accorde), l'ancien petit ami violent, la perte du bébé qu'on pressent, la véritable histoire des différents protagonistes locaux (qui est vraiment Malcolm ?) etc, tout cela nous maintient l'esprit en éveil.
À ce jeu du classicisme assumé, The Boy se révèle aussi convaincant, si ce n'est plus, que le Crimson Peak de Guillermo Del Toro - l'extravagance visuelle en moins. Il illustre de façon intelligente l'acceptation progressive du fantastique par une protagoniste que l'on devine manipulée par ses propres blessures.
Comme dans tout bon récit fantastique, en effet, le surnaturel est un prisme éclairant la problématique de l'héroïne. Ici, l'histoire de Greta est celle d'une femme engluée dans le passé, qui accepte de croire l'impossible (les bobards de son ex) et qui doit donc, pour évoluer, se défaire des démons du passé et de sa crédulité.