Le cinéma horrifique outre-atlantique va mal, et pire que ces péloches, c'est bien ça qui est le plus horrifiant à voir tant la production US s'est souvent trouvée la plus intelligente et bandante dans le genre.


Alors qu'elle laisse ses seigneurs se faire piller à coups de remakes faciles et foireux (Wes Craven et John Carpenter, beaucoup trop consentant d'ailleurs), elle aligne les suites et les franchises d'opus plus ou moins respectables (tout le catalogue du vénérable James Wan, et du moins vénérable Jason Blum en tête) au point de causer l’étouffement au sein d'une communauté cinéphile qui peine de plus en plus à les soutenir.


Annabelle, spin-off inutile et injustifié du puissant Conjuring, incarnait sans conteste la grosse goutte de pisse qui a fait déborder la cuvette des toilettes d'une production ricaine boursouflée par ses succès à rallonges ou seuls les " faux " films horrifiques Mister Babadook, It Follows et The Visit, avaient réellement su tenir une promesse flippante sur pellicule.
C'est maigre dans la balance, rachitique même.


Et alors qu'une année 2016 pas forcément aguichante se profile à l'horizon (The Conjuring 2 de tonton Wan, The Forest avec la belle Natalie Dormer, peut-être Krampus et puis c'est tout), voilà que déboule dans nos salles obscures hexagonales le bien nommé The Boy, mise en boite par William Brent Bell, papa des piteux Devil Inside et Stay Alive.


Le bandomètre serait proche du zéro à son sujet si l'on y trouvait pas la sublime Lauren Cohan au casting - dans son premier vrai grand rôle sur grand écran -, qui s'échappe un temps de sa lutte contre les zombies sur le petit écran (The Walking Dead), pour cette fois batailler avec une poupée maléfique, plus proche du pantin maléfique de la vénéré Chair de Poule que de ce bon vieux Chucky.


The Boy donc, ou l'histoire de Greta, une jeune Américaine qui tente d'échapper à son passé en se faisant engager comme assistante maternelle en Angleterre, dans une maison perdue en pleine campagne.
À son arrivée, elle découvre qu’elle a été embauchée non pas pour s’occuper d’un petit garçon de 8 ans en chair et en os, mais d’une poupée de porcelaine grandeur nature.
Seule dans la maison, loin de tout, la jeune femme assiste à des événements tous plus étranges les uns que les autres.
Il se trouve qu'elle n’a pas seulement été engagée, elle a été choisie…
Elle apprendra, bien plus tard, que l'enfant ou du moins la poupée est belle et bien vivante.
Le couple avait bien un enfant de 8 ans mais ce dernier est décédé dans un incendie.
Hanterait-il la poupée ?


Qui dit poupée maléfique dit indiscutablement la franchise Chucky, référence en la matière, mais également la so dégueulasse Annabelle, que Metropolitan a eu la fâcheuse idée de citer sur sa campagne promotionnelle; tant ce genre de référence facile à tout pour rebuter les amateurs du genre - moi en premier.


Lorgnant sur ses glorieux ainés en usant d'un thème justement usé jusqu'à la moelle tout en respectant au pied de la lettre tous les codes du genre, Bell signe avec The Boy un thriller horrifique façon huis-clos/maison hanté certes classique mais étonnement divertissant et mystérieux.


Prenant et intimiste même s'il ne renouvelle pas le genre à chaque bobine (on retient autant le twist étonnant que le final abracadabrant), le métrage déroule tranquillement une intrigue à la mécanique convenue mais solide doublée d'une ambiance old school particulièrement soignée (ah ces vieux manoirs anglais...), réservant même un joli lot de jumps scares efficaces (quoique souvent prévisibles) dans son jeu des apparences perturbant et bien plus malin qu'il n'en a l'air.


Mieux, il focalise son entièrement son attention sur un personnage principal poignant, une jeune femme décidée à traverser l'Atlantique pour fuir un mari violent, et qui se retrouve confrontée à un rejeton revanchard et ses parents vieillissant méchamment inquiétant (et qui n'ont rien à envier aux grands parents tout aussi flippant de The Visit).
Campée par la convaincante Lauren Cohen, la belle Maggie de TWD porte le film sur ses larges épaules et envoute autant le spectateur que l'excellent score de Bear McCreary.


Sans qu'on ne l'est franchement vu venir, The Boy incarne sans l'ombre d'un doute une belle petite surprise tendue, rythmée et maitrisée qui, tout comme le formidable La Dame en Noir de James Watkins, s'inscrit joliment dans la plus pure tradition des films d'épouvante de la Hammer.


Jonathan Chevrier


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le 27 janv. 2016

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